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Parler le Selk'nam au 21ème siècle?
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Le Royaume de Patagonie et d'Araucanie :: Qui se souvient des Hommes? :: Indiens de Patagonie et de Terre de Feu
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Parler le Selk'nam au 21ème siècle?
Suite au sujet "lancé" - qui a dit comme un Nain par un Elfe? - par François voici ce que j'ai déniché sur la langue des Ona/Selk'nam:
"Chili - Joubert Yantén : Un jeune descendant Ona sauve la langue de ses ancêtres
Francisca Babul Guixé / El Mercurio/ 15 octobre 2006
À 15 ans c’est la seule personne vivante parlant la langue Selknam. Il vient d’éditer deux disques de ses créations.
Comme d’autres peuples autochtones de la Patagonie et de la terre de feu, les Onas (ou Selknam) ont connu une fin tragique. Après des milliers d’années de vie semi-nomade (selon les sources archéologiques : 6000 avant JC) ils ont été victimes des grandes compagnies qui ont envahi la zone sud du Chili à la fin du 19e siècle.
L’introduction des troupeaux de moutons a créé de graves conflits entre les autochtones et les colons, les Onas chassant les moutons comme ils avaient toujours chassé sur ce territoire auparavant, ce qui donna lieu a une guerre d’extermination menée par les colons. Les compagnies payaient même une livre sterling pour les testicules ou les seins d’Onas adultes tués, et ½ livre par oreille.
Jusqu’en 1880, ils étaient environ 4000 personnes, tandis qu’en 1931 l’ethnologue autrichien Martin Guisinde en recensa seulement 84. Cherchant à stopper le massacre, le gouvernement du Chili céda l’île Dawson a des prêtres salésiens et y envoyèrent le peu de Selknam encore vivants. Quelques années plus tard, l’île n’était plus qu’un énorme cimetière, les Onas ayant péri à cause des épidémies.
Avec la disparition de ce peuple tout son héritage culturel a également sombré : cérémonies, rites, musique et surtout la langue qui est aujourd’hui considérée comme éteinte. Malgré tout, certains descendants sont décidés à ce que ce patrimoine ne soit pas oublié.
Un des pionniers de ce sauvetage, c’est Joubert Yantén Gomez, 15 ans mais déjà expert dans l’histoire des cultures de la Patagonie (Onas, Acaules, Yaganes, Tehuelches et Haush).
A 8 ans, alors qu’il ignorait l’existence d’ancêtres autochtones de sa famille, ( ses arrière-grands-parents étaient Selknam et Tehuelches) il entreprenait une recherche sur ces cultures. Un de ses premiers objectifs a été d’apprendre la langue ONA. "Déjà a cet age je trouvais trop triste que la langue ait disparue avec les derniers survivants de l’ethnie ”, explique Joubert.
De cette façon il a contacté des parents et amis de Punta Arenas afin qu’ils lui procurent des dictionnaires et des textes de grammaire et phonétique. “ Quand quelqu’un apprend à construire des phrases, il assimile presque toute la langue, qui est plutôt gutturale. ”
Quelques temps plus tard il a mis la main sur des enregistrements de chants et conversations de Lola Kiepja, la dernière chamane Selknam, décédée en 1966. Ces enregistrements avaient été faits par l’ethnologue franco-étatsunienne Anne Chapman, qui avait connu les deux dernières femmes Selknam.
“ le Ona et le Tehuelche viennent de la même branche, qui s’appelle Tchon. Comme ils se ressemblent, il m’a été facile de les apprendre. Ensuite je me suis intéressé à d’autres peuples, comme les Yaganes, que j’ai toujours admiré parce qu’ils ont réussi à survivre. Le Yagan est plus facile, sa prononciation est plus douce et se rapproche plus des langues européennes. Maintenant, je le pratique avec Christina Calderon, la dernière Yagan. ”
Après avoir appris ces langues, Joubert a entrepris de les diffuser “ j’ai commencé à créer des chansons parce qu’ainsi on peut atteindre plus de gens. En plus leur musique est plutôt méconnue : les Selknam avaient des chants quotidiennes, cérémoniaux et toute une variété de chansons.
Au début sa mère croyait qu’il s’agissait d’un simple passe temps. Mais quand elle a entendu son fils discuter avec un expert universitaire en la matière, elle a été convaincue du contraire. “ J’ai compris alors l’importance des recherches de mon fils et lui ai révélé l’existence de mes grands-parents Ona et Tehuelches. ”
L’an passé, grâce à la collaboration de sa famille Joubert a enregistré un disque “ Kwanyipe le premier Tchon. ” chanté en Ona et Tehuelche et constitué de 11 chansons composées par lui. A la fin de l’année il lancera son prochain enregistrement : Yik’wa vuen kwa haspen , qui signifiue en Selknam “ nous sommes vivants. ” Il contient 12 chansons en Tehuelche Selknam et Haush.
Le chemin n’a pas été facile, les différentes instances qui financent les disques l’ayant écarté pour cause de son jeune age.
Aujourd’hui, Joubert est le seul locuteur Ona existant, grâce à ses efforts et a l’aide de sa famille, en plus de parler le Tehuelche et le Yagan.
A TRAVERS LE MONDE
Selon l’Unesco, plus de la moitié des 6,000 langues existantes courent le danger de s’éteindre. "
"Chili - Joubert Yantén : Un jeune descendant Ona sauve la langue de ses ancêtres
Francisca Babul Guixé / El Mercurio/ 15 octobre 2006
À 15 ans c’est la seule personne vivante parlant la langue Selknam. Il vient d’éditer deux disques de ses créations.
Comme d’autres peuples autochtones de la Patagonie et de la terre de feu, les Onas (ou Selknam) ont connu une fin tragique. Après des milliers d’années de vie semi-nomade (selon les sources archéologiques : 6000 avant JC) ils ont été victimes des grandes compagnies qui ont envahi la zone sud du Chili à la fin du 19e siècle.
L’introduction des troupeaux de moutons a créé de graves conflits entre les autochtones et les colons, les Onas chassant les moutons comme ils avaient toujours chassé sur ce territoire auparavant, ce qui donna lieu a une guerre d’extermination menée par les colons. Les compagnies payaient même une livre sterling pour les testicules ou les seins d’Onas adultes tués, et ½ livre par oreille.
Jusqu’en 1880, ils étaient environ 4000 personnes, tandis qu’en 1931 l’ethnologue autrichien Martin Guisinde en recensa seulement 84. Cherchant à stopper le massacre, le gouvernement du Chili céda l’île Dawson a des prêtres salésiens et y envoyèrent le peu de Selknam encore vivants. Quelques années plus tard, l’île n’était plus qu’un énorme cimetière, les Onas ayant péri à cause des épidémies.
Avec la disparition de ce peuple tout son héritage culturel a également sombré : cérémonies, rites, musique et surtout la langue qui est aujourd’hui considérée comme éteinte. Malgré tout, certains descendants sont décidés à ce que ce patrimoine ne soit pas oublié.
Un des pionniers de ce sauvetage, c’est Joubert Yantén Gomez, 15 ans mais déjà expert dans l’histoire des cultures de la Patagonie (Onas, Acaules, Yaganes, Tehuelches et Haush).
A 8 ans, alors qu’il ignorait l’existence d’ancêtres autochtones de sa famille, ( ses arrière-grands-parents étaient Selknam et Tehuelches) il entreprenait une recherche sur ces cultures. Un de ses premiers objectifs a été d’apprendre la langue ONA. "Déjà a cet age je trouvais trop triste que la langue ait disparue avec les derniers survivants de l’ethnie ”, explique Joubert.
De cette façon il a contacté des parents et amis de Punta Arenas afin qu’ils lui procurent des dictionnaires et des textes de grammaire et phonétique. “ Quand quelqu’un apprend à construire des phrases, il assimile presque toute la langue, qui est plutôt gutturale. ”
Quelques temps plus tard il a mis la main sur des enregistrements de chants et conversations de Lola Kiepja, la dernière chamane Selknam, décédée en 1966. Ces enregistrements avaient été faits par l’ethnologue franco-étatsunienne Anne Chapman, qui avait connu les deux dernières femmes Selknam.
“ le Ona et le Tehuelche viennent de la même branche, qui s’appelle Tchon. Comme ils se ressemblent, il m’a été facile de les apprendre. Ensuite je me suis intéressé à d’autres peuples, comme les Yaganes, que j’ai toujours admiré parce qu’ils ont réussi à survivre. Le Yagan est plus facile, sa prononciation est plus douce et se rapproche plus des langues européennes. Maintenant, je le pratique avec Christina Calderon, la dernière Yagan. ”
Après avoir appris ces langues, Joubert a entrepris de les diffuser “ j’ai commencé à créer des chansons parce qu’ainsi on peut atteindre plus de gens. En plus leur musique est plutôt méconnue : les Selknam avaient des chants quotidiennes, cérémoniaux et toute une variété de chansons.
Au début sa mère croyait qu’il s’agissait d’un simple passe temps. Mais quand elle a entendu son fils discuter avec un expert universitaire en la matière, elle a été convaincue du contraire. “ J’ai compris alors l’importance des recherches de mon fils et lui ai révélé l’existence de mes grands-parents Ona et Tehuelches. ”
L’an passé, grâce à la collaboration de sa famille Joubert a enregistré un disque “ Kwanyipe le premier Tchon. ” chanté en Ona et Tehuelche et constitué de 11 chansons composées par lui. A la fin de l’année il lancera son prochain enregistrement : Yik’wa vuen kwa haspen , qui signifiue en Selknam “ nous sommes vivants. ” Il contient 12 chansons en Tehuelche Selknam et Haush.
Le chemin n’a pas été facile, les différentes instances qui financent les disques l’ayant écarté pour cause de son jeune age.
Aujourd’hui, Joubert est le seul locuteur Ona existant, grâce à ses efforts et a l’aide de sa famille, en plus de parler le Tehuelche et le Yagan.
A TRAVERS LE MONDE
Selon l’Unesco, plus de la moitié des 6,000 langues existantes courent le danger de s’éteindre. "
Re: Parler le Selk'nam au 21ème siècle?
Une belle histoire, merci de nous la faire partager Admin!
Une des choses les plus impressionantes étant le jeune âge du garçon
Une des choses les plus impressionantes étant le jeune âge du garçon
Hennuyer- Sans Grade
- Nombre de messages : 42
Age : 33
Localisation : Hainaut
Date d'inscription : 03/01/2011
Re: Parler le Selk'nam au 21ème siècle?
oui c'est une bien belle histoire. J'admire la détermination de ce jeune garçon.
Isabelle- Officier de l'Etoile du Sud
- Nombre de messages : 96
Age : 61
Date d'inscription : 24/01/2010
Re: Parler le Selk'nam au 21ème siècle?
Ce jeune homme force en effet l'admiration par sa ténacité et son refus de la fatalité. Il a d'autant plus raison qu'une langue disparaît en moyenne tous les 15 jours dans le monde, ce qui fait 25 langues par an.
Or perdre une langue, c'est perdre avec elle toute une civilisation et un système de pensée qui lui est propre. L'exercice de la traduction permet de se rendre compte à quel point il est parfois difficile de trouver un équivalent. Par exemple, les inuits ont plus d'une dizaine de mots pour désigner la "neige". Si perdre un mot, c'est perdre une idée, alors perdre toute une langue, c'est perdre tout un univers...
Et hop ! un petit lien vers le blog de ce jeune homme
Or perdre une langue, c'est perdre avec elle toute une civilisation et un système de pensée qui lui est propre. L'exercice de la traduction permet de se rendre compte à quel point il est parfois difficile de trouver un équivalent. Par exemple, les inuits ont plus d'une dizaine de mots pour désigner la "neige". Si perdre un mot, c'est perdre une idée, alors perdre toute une langue, c'est perdre tout un univers...
Et hop ! un petit lien vers le blog de ce jeune homme
Clémence- Officier de la Couronne d'Acier
- Nombre de messages : 2298
Age : 53
Localisation : Amiens
Date d'inscription : 27/04/2008
Re: Parler le Selk'nam au 21ème siècle?
très intéressant, merci Clémence de nous avoir donné ce lien.
J'ai cru comprendre que ce jeune homme a enregistré des Cd. Peut on écouter la musique qu'il fait?
J'ai cru comprendre que ce jeune homme a enregistré des Cd. Peut on écouter la musique qu'il fait?
Isabelle- Officier de l'Etoile du Sud
- Nombre de messages : 96
Age : 61
Date d'inscription : 24/01/2010
Re: Parler le Selk'nam au 21ème siècle?
Clémence a écrit: Ce jeune homme force en effet l'admiration par sa ténacité et son refus de la fatalité. Il a d'autant plus raison qu'une langue disparaît en moyenne tous les 15 jours dans le monde, ce qui fait 25 langues par an.
Or perdre une langue, c'est perdre avec elle toute une civilisation et un système de pensée qui lui est propre. L'exercice de la traduction permet de se rendre compte à quel point il est parfois difficile de trouver un équivalent. Par exemple, les inuits ont plus d'une dizaine de mots pour désigner la "neige". Si perdre un mot, c'est perdre une idée, alors perdre toute une langue, c'est perdre tout un univers...
Et hop ! un petit lien vers le blog de ce jeune homme
... j'ai loupé ce message de notre Administrateur et j'en suis confus.
Merci à Clémence de relancer ce sujet, ô combien touchant et qui témoignent vraiment d'un respect de l'histoire - celle-là avec un grand H - et surtout d'un respect que l'on doit à ceux qui l'ont faite et cela sans arrangements économico/politico/mercantilistes plus ou moins bizarres, ce qui, d'ailleurs et hélas, les a conduits à leur perte. Je retiens de Clémence sa remarque 'L'exercice de la traduction permet de se rendre compte à quel point il est parfois difficile de trouver un équivalent'. C'est typiquemment le cas des vocables 'rien', 'néant', 'absent', l'equivalent du 'zéro' qui n'existe pas dans certaines langues - le zéro ne pouvant exister dans certaines civilisations - et qui nous renseignent directement sur les notions essentielles du passé, du futur, de la naissance et avant et de la mort et aprés que pouvaient avoir les locuteurs parfois d'isolats.
ferney- Commandeur de la Constellation du Sud
- Nombre de messages : 1158
Localisation : Ferney-Voltaire
Date d'inscription : 29/04/2008
Re: Parler le Selk'nam au 21ème siècle?
Clémence a écrit:
Or perdre une langue, c'est perdre avec elle toute une civilisation et un système de pensée qui lui est propre. L'exercice de la traduction permet de se rendre compte à quel point il est parfois difficile de trouver un équivalent. Par exemple, les inuits ont plus d'une dizaine de mots pour désigner la "neige". Si perdre un mot, c'est perdre une idée, alors perdre toute une langue, c'est perdre tout un univers...
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C'est clair!
Perdre une langue, c'est aussi perdre l'histoire de son peuple. Prenons la reconstruction de l'indo-européen, grâce à la comparaison de l'ensemble des parlers de la famille indo-européenne on peut dire dans quel milieu (grâce aux noms d'animaux, d'arbres ect) vivaient les proto-indoeuropéens, quelle était leur organisation sociale, les grands axes de leur mythes alors que l'on aborde une époque où l'écriture était inconnue...
Si l'on additionne cela à des disciplines comme l'archéologie ou la génétique, on peut obtenir des résultats impressionnants.
Hennuyer- Sans Grade
- Nombre de messages : 42
Age : 33
Localisation : Hainaut
Date d'inscription : 03/01/2011
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