Yamanas / Yaghans

Bientôt dans ma bibliothèque, après une quinzaine d'années de quête.



Youpi!

Félicitations, cher Rodo XV!

Très belle acquisition en effet.

Bravo: nous pourrons prochainement savoir comme l'on souhaite un Joyeux Noël en Yaghan!

Ceci étant, je vous livrerais dans un prochain message l'appréciation pour le moins mitigée réservée au Révérend Bridges par Adrien de Gerlache lors de l'escale de la Belgica en Terre de Feu...

Ça y est, il est sur ma table.
Magnifique provenance en outre: legs de l'anthropologue américain spécialiste de l'Amérique du Sud S.K. Lothrop (1892-1965) à la bibliothèque du Peabody Museum (Harvard).

Archange a écrit:Ceci étant, je vous livrerais dans un prochain message l'appréciation pour le moins mitigée réservée au Révérend Bridges par Adrien de Gerlache lors de l'escale de la Belgica en Terre de Feu...

Adrien de Gerlache que vous citez fait remonter à la surface de ma mémoire, à la façon des bulles d'un savoureux ragoût, deux des personnages principaux de "Bons Baisers de Partout", un non moins savoureux feuilleton radiophonique de Pierre Dac diffusé dans les années 1965-75:

• le Professeur Jérémie Ménerlache (inventeur du Biglotron)
  
• le Colonel de Guerlasse, chef du SDUC (Service de Documentation Unilatérale et de Contre-espionnage)
  

Mais cela n'a rien à voir avec le sujet.

Archange a écrit:Ceci étant, je vous livrerais dans un prochain message l'appréciation pour le moins mitigée réservée au Révérend Bridges par Adrien de Gerlache lors de l'escale de la Belgica en Terre de Feu...

Oui, un personnage controversé, mais d'une sacrée trempe. Et quelle aventure familiale ! Cf. l'ouvrage magnifique de son fils !

Je viens de parcourir l'ouvrage de Gerlache, et notamment les passages dans lesquels il évoque Bridges.
On y retrouve en effet ce mélange subtil d'admiration et de mépris réciproques qui lie indissolublement les ressortissants du vieux continent et ceux de la perfide Albion, depuis des siècles et jusqu'aux "Uttermost Part(s) of the Earth".

Rodo XV a écrit:On y retrouve en effet ce mélange subtil d'admiration et de mépris réciproques qui lie indissolublement les ressortissants du vieux continent et ceux de la perfide Albion, depuis des siècles et jusqu'aux "Uttermost Part(s) of the Earth".

Sur le fond, j'attendrai d'avoir lu Bridges pour me prononcer, mais je tiens à invoquer ici - sans offenser personne - l'"exception belge" quant au contentieux anglo-continental. Mon (autre) pays a toujours été, de la guerre de cent ans à celle d'Afghanistan, aux côtés de nos cousins d'Outre-Manche, ce qui n'empêche pas mes concitoyens du sud du pays de considérer la Fille Aînée de l'Eglise comme une Grande Soeur...tout en sachant que nous devons notre indépendance aux cousins Saxe-Cobourg de Londres!

Nous n'oublions pas que, si notre langue maternelle est (à peu près) celle que l'on parle de Brest à Soissons, nous demeurons des "latins qui boivent de la bière", c'est à dire des Celtes, ou peut s'en faut.

Ceci pour (tenter de) dire que les propos de Gerlache ne sont certainement pas animés par une quelconque anglophobie qui ne lui ressemblerait guère. A titre anecdotique, son fils fût pilote de Spitfire dans la RAF avant d'aller, à son tour, arpenter les arpents de neige de ce petit bout de Belgique antarctique...

L'exception belge est la règle, comme d'ailleurs la française et bien d'autres, dont la patagonne.
Il reste, cher Archange, que le fond et le ton des pages (70 à 90 de l'édition de 1902) où Gerlache évoque Bridges et un autre sujet éminent de Sa Gracieuse Majesté (agent consulaire à Punta Arenas) que vous qualifiiez d'"appréciation pour le moins mitigée" relève non pas d'une anglophobie congénitale que je ne citais pas, mais de ce "mélange subtil d'admiration et de mépris réciproques" corroboré par les faits observés par Gerlache et ses compagnons sur le terrain fuégien.

De mémoire, Lucas E. Bridges semble lui-même conserver une "appréciation pour le peu mitigé" de ce Gerlache.
Certes, on peut penser que le fils Bridges est quelque peu partial...

Donc 1 - 1, la balle au centre...

Quant aux Latins qui boivent de la bière, si vous flânez en Italie vous verrez que la bière y est bien présente!

De plus, en quoi les Belges seraient-ils plus Celtes que les Français (surtout de Brest à Soissons!)?

Je ne crois pas que Lucas Bridges mentionne nommément Gerlache dans "aux confins de la terre". Il évoque en revanche le passage du Belgica, à l'aller en émettant des doutes sur sa navigabilité dans les mers australes et au retour pour constater que ses craintes étaient infondées. Il évoque aussi bien sûr son éminent passager le Dr. Frederick Cook.
Il semblerait que ce dernier, après s'être fait confier le manuscrit du dictionnaire de Thomas Bridges par sa famille peu après le décès de ce dernier, ait tenté quelques années plus tard de le faire publier à Bruxelles sous son propre nom par l'Observatoire Royal de Belgique!
Lucas Bridges, prévenu à temps, a pu faire le voyage de Bruxelles, confondre le distrait, et rétablir son défunt père dans ses droits intellectuels.

Je tiens à préciser ici mon propos tant les termes que j'ai initialement utilisés étaient certainement excessifs. Ce dont je tiens à me faire pardonner!

En particulier évidemment, l'"anglophobie congénitale" supposée de nos voisins du sud... C'est que la plupart de mes (très nombreux et très chers) amis français confessent la plupart du temps une défiance de tout ce qui peut leur rappeller Azincourt, Waterloo ou Trafalgar, sans parler de Mers-el-Kebir. Pour vous livrer le fonds de ma pensée, je leur trouve plus d'indulgence envers les voisins de l'est et c'est là une différence de perception avec celle qui prévaut la plupart du temps dans le Plat Pays.

Par ailleurs, je me garderai bien de décerner quelque diplôme ou grade de celtitude ( sur l'échelle de Bélénos?), dont les lauréats seraient les Belges. Il nous suffit d'être les "Gallorum Fortissimi"... et je tiens "ce" Gerlache pour un exemple parfait de ce que mes compatriotes peuvent réaliser quand ils ne se battent pas entre eux. Cela ne vous rappelle rien?

Enfin, et pour conclure sur un point sur lequel nous sommes plus chatouilleux (mais c'est l'Admin - que les angelots célestent le gardent de toute glissade - qui a commencé), les Italiens doivent acoir autant de bonnes bières que les Belges n'ont de bons vins... ceci étant dit, naturellement, avec la plus crasse mauvaise foi.

Oui, c'est vrai que par chez nous, en ovalie, on bouffe volontiers du rosbif quand l'occasion se présente.

Rodo XV a écrit:Je ne crois pas que Lucas Bridges mentionne nommément Gerlache dans "aux confins de la terre". Il évoque en revanche le passage du Belgica, à l'aller en émettant des doutes sur sa navigabilité dans les mers australes et au retour pour constater que ses craintes étaient infondées. Il évoque aussi bien sûr son éminent passager le Dr. Frederick Cook.
Il semblerait que ce dernier, après s'être fait confier le manuscrit du dictionnaire de Thomas Bridges par sa famille peu après le décès de ce dernier, ait tenté quelques années plus tard de le faire publier à Bruxelles sous son propre nom par l'Observatoire Royal de Belgique!
Lucas Bridges, prévenu à temps, a pu faire le voyage de Bruxelles, confondre le distrait, et rétablir son défunt père dans ses droits intellectuels.

Toutes mes confuses: c'est effectivement de F. Cook que L. E. Bridges parle dans son ouvrage!

Bon bon mais moi je brûle de savoir comme on dit "Joyeux Noël" ! Alors alors ?

Clémence a écrit:Bon bon mais moi je brûle de savoir comme on dit "Joyeux Noël" ! Alors alors ?

Je confesse avoir commis une gasconnade en promettant cette traduction.

Je suis loin d'avoir épuisé le sujet, mais crains que ce soit simplement "Merry Christmas", comme le Révérend Thomas Bridges et ses collègues ont dû leur apprendre à ânonner durant les premiers jours des étés australs.

La structure du yamana est extrêmement différente de celle de nos langues (plus ou moins) familières. Le dictionnaire de Bridges est une longue (660 pages) liste de combinaisons complexes de signes phonétiques suivis de leur traduction en phrases plutôt qu'en mots, un peu comme on traduit les idéogrammes chinois ou japonais. Mais très peu de concepts, presque uniquement actions et objets.

De plus les yaghans n'avaient ni Dieu ni maître, et se fichaient de la nativité comme de leur première peau d'otarie ou de guanaco.
Jusqu'à ce qu'on leur explique à quel point ils se trompaient.
Ça a peut être sauvé leurs âmes, mais pas leur race.

En anglais ? Hum... et si l'on s'en tenait au latin finalement ?

Rodo XV a écrit:

Clémence a écrit:Bon bon mais moi je brûle de savoir comme on dit "Joyeux Noël" ! Alors alors ?

De plus les yaghans n'avaient ni Dieu ni maître, et se fichaient de la nativité comme de leur première peau d'otarie ou de guanaco.
Jusqu'à ce qu'on leur explique à quel point ils se trompaient.
Ça a peut être sauvé leurs âmes, mais pas leur race.

Et puis, plus philosophiquement, le concept de joie représentait-il quelque chose pour eux?

François B. a écrit:

Rodo XV a écrit:

Clémence a écrit:Bon bon mais moi je brûle de savoir comme on dit "Joyeux Noël" ! Alors alors ?

De plus les yaghans n'avaient ni Dieu ni maître, et se fichaient de la nativité comme de leur première peau d'otarie ou de guanaco.
Jusqu'à ce qu'on leur explique à quel point ils se trompaient.
Ça a peut être sauvé leurs âmes, mais pas leur race.

Et puis, plus philosophiquement, le concept de joie représentait-il quelque chose pour eux?

Leurs découvreurs en doutaient.

Peut-être parce qu'ils n'ont jamais pu l'observer chez eux, en vertu du principe quantique selon lequel l'observateur pollue irrémédiablement, par sa simple présence, le phénomène observé.