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L'anneau du pêcheur
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L'anneau du pêcheur
Un parallèle entre notre monde et le XV° siècle tout à fait captivant.
Maxime- Commandeur de l'Etoile du Sud
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Date d'inscription : 25/03/2008
Re: L'anneau du pêcheur
Un must absolu. Un des mieux écrit.
J'ai eu plus de plaisir à lire l'anneau du pêcheur que le jeu du Roi. C'est tout dire
J'ai eu plus de plaisir à lire l'anneau du pêcheur que le jeu du Roi. C'est tout dire
François R- Commandeur de la Constellation du Sud
- Nombre de messages : 1370
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Date d'inscription : 23/03/2008
Re: L'anneau du pêcheur
un livre "extra-ordinaire", au sens premier du terme : comme Sire, il nous envoie dans une quête d'absolu, dérisoire aux yeux du commun des mortels, loin de notre quotidien ordinaire. Moi qui suis catholique et d'une fidélité totale au Pape, je me surprends quand même parfois à rêver de ce pape héroiquement solitaire mais convaincu qui passerait sur mon chemin...
Gregoire
Que Vive le Royaume
Gregoire
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Gregoire- Officier de la Constellation du Sud
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Re: L'anneau du pêcheur
couverture du livre :
Maxime- Commandeur de l'Etoile du Sud
- Nombre de messages : 295
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Date d'inscription : 25/03/2008
Re: L'anneau du pêcheur
C'est surtout le rapprochement entre la fiction et la réalité.
Pour information, l'histoire se passe sous le pontificat de Jean Paul II, et l'affaire est gérée par un certain Cardinal R....qui devient Pape à son tour sous le nom de Benoît (mais bien après la sortie du Livre).
J'ai écrit à Jean Raspail pour lui demander s'il était "informé" de quelque secret. Il m'a répondu que cela relevait du "rêve", comme l'est la Patagonie...C'est dire la zone de mystère que entoure cet Anneau du Pécheur.
Amitiés PTG
Vincent TEXIER
Vice Consul
Pour information, l'histoire se passe sous le pontificat de Jean Paul II, et l'affaire est gérée par un certain Cardinal R....qui devient Pape à son tour sous le nom de Benoît (mais bien après la sortie du Livre).
J'ai écrit à Jean Raspail pour lui demander s'il était "informé" de quelque secret. Il m'a répondu que cela relevait du "rêve", comme l'est la Patagonie...C'est dire la zone de mystère que entoure cet Anneau du Pécheur.
Amitiés PTG
Vincent TEXIER
Vice Consul
Vincent Texier- Officier de l'Etoile du Sud
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Date d'inscription : 29/03/2008
Re: L'anneau du pêcheur
Il est vrai que lorsque j'ai appris le nom choisit par le "Panzer Cardinal", j'ai apprécié le symbole (quand bien même n'y en aurait-il point!)...
Re: L'anneau du pêcheur
Encore un signe....Cela fait extraordinairement du bien d'alimenter le rêve par quelques réalités , parfois incertaines, parfois lointaines.
Grégoire
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Gregoire- Officier de la Constellation du Sud
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Date d'inscription : 26/03/2008
Re: L'anneau du pêcheur
Il faut espérer que les parallèles entre imaginaire et réel se cantonnent à cette œuvre…
Maxime- Commandeur de l'Etoile du Sud
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Date d'inscription : 25/03/2008
Re: L'anneau du pêcheur
Peut-être quand même pour quelques autres : Croiser le Prince Philippe Pharamond traversant la France ne me déplairait pas. Mais on repart dans le rêve !
Gregoire
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Gregoire- Officier de la Constellation du Sud
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Date d'inscription : 26/03/2008
Re: L'anneau du pêcheur
J'avoue que je n'avais pas "Sire" en tête en disant ça.
J'ai passé le w-e dernier à silloner les petites routes de Bretagne envoiture petite barquette sportive et c'est vrai qu'y croiser les personnages de "Sire" sur leurs chevaux ne m'aurait pas déplu.
J'ai passé le w-e dernier à silloner les petites routes de Bretagne en
Maxime- Commandeur de l'Etoile du Sud
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Date d'inscription : 25/03/2008
Re: L'anneau du pêcheur
Je reconnais que les routes de Bretagne sont davantage propices à cette rencontre que le boulevard périphérique parisien que j'emprunte chaque matin pour aller travailler (avec un char d'assaut 7 places qui n'a que de très lointains rapports avec la petite barquette sportive)
Gregoire
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Gregoire- Officier de la Constellation du Sud
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Date d'inscription : 26/03/2008
Re: L'anneau du pêcheur
Il faut les deux :
Un déplaçoir familial et un jouet (à utiliser en respectant les règles en vigueur)
Un déplaçoir familial et un jouet (à utiliser en respectant les règles en vigueur)
Maxime- Commandeur de l'Etoile du Sud
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Date d'inscription : 25/03/2008
L'anneau du pêcheur/le camp des Saints
Parmi les coïncidences extraordinaires , je rappelle que le pape du "Camp desz Saints" s'appelle Benoït XVI...
Amitiés ptgs
François Bérard
Amitiés ptgs
François Bérard
François B.- Commandeur de la Constellation du Sud
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Localisation : Versailles
Date d'inscription : 21/03/2008
Re: L'anneau du pêcheur
Exact et ce point est souligné par Jean Raspail dans sa dernière interview (cf. le forum Actualités)
Re: L'anneau du pêcheur
Je viens de fermer à regret L’anneau du pêcheur, recommandé par une personne fort avisée. Et comme je suis professeur de français, je ne puis éviter de céder aux petites manies desdits profs de français, à savoir faire un compte-rendu de lecture.
Tout d’abord il me faut préciser que ce livre entre étonnamment en résonance avec ma pauvre petite existence pour deux raisons :
- la plupart des lieux qui sont visités me sont parfaitement connus : Rodez, l’Aveyron en général, Limoux, Alet, Maguelone, Rome et le Vatican, Avignon… à part Peñiscola et Senez, j’ai donc pu visualiser ce que je lisais, et c’est bien agréable
- je descends d’Etienne de Grimoard, frère de Guillaume de Grimoard, plus connu sous le nom d’Urbain V. L’un de mes oncles s’appelle d’ailleurs François Urbain pour cette raison
Aveyronnaise, j’ai beaucoup aimé l’image qui ressort des aveyronnais dans ce roman, avec la figure de Jean Carrier, celles des Armagnac (la très belle maison d’Armagnac à Rodez !), ou le passage : « Pays de rebelles, de révoltés, d’âmes intraitables. La nature y est à leur image. »
A ce propos, j’ai été un peu surprise de la description de l’abbaye Sainte-Tarcisse (dans la réalité, il n’y a qu’une église Sainte-Tarcisse à Rodelle) avec des murs d’andésite : on trouve de l’andésite dans le Puy de Dôme, dans le Cantal, mais pas que je sache en Aveyron. C’est plutôt du basalte. Et encore pas à Rodelle. Ce n’est qu’un détail, mais c’est amusant car l’andésite doit son nom à la Cordillère de Andes : Jean Raspail s’est-il amusé à faire un clin d’œil à la Patagonie ? Ce n’est que pure spéculation de ma part, bien sûr ! Peut-être ferney pourra-t-il nous en dire davantage sur l’andésite…
Ce qui m’a séduite dans ce roman, c’est d’abord le style qui permet de rendre vie à des faits historiques qui auraient pu me rebuter : batailles et tueries, univers uniquement masculin etc.
Mais Raspail a réussi le tour de force de rendre présent et drôle même ces sombres événements. Un humour en permanence sous-jacent, un regard amusé et ironique sur tout, qu’il s’agisse de Sainte Catherine de Sienne, qu’il n’a pas loupée la pauvre, ou de la blanquette de Limoux !
Toujours sur le style, j’aime beaucoup les passages où se superposent la voix de Raspail et celle des personnages du roman, par exemple ici celle de Vincent Ferrier : « Les émissaires de Pise peuvent se présenter. Ils seront fraîchement reçus ! Qu’est-ce que c’est que ce concile qui s’autorise à convoquer le pape ? Est-ce qu’à Pise on aurait oublié que c’est le pape seul qui convoque les conciles ? »
Cette superposition du passé et du présent est une véritable réussite, car on la trouve à tous les niveaux : celui du récit (avec l’alternance passé/1994) et celui du style (vocabulaire précis, recherché, élégant et humour très actuel). C’est plus qu’une superposition, c’est un télescopage.
Malgré l’humour, l’émotion gagne à la lecture de certains très beaux passages. J’ai particulièrement retenu celui-ci : « La terre tournait. Le monde changeait. Nous n’y avions aucune part. Qu’aurions-nous eu à nous dire, seuls, chacun dans notre coin ? […] Nous ne l’avons pas voulu. Nos âmes se parlaient. Le silence suffisait. Nous étions des lueurs dispersées dont seuls nous percevions l’éclat dans la nuit, sans nous voir. Si nous avions laissé le grand vent du monde souffler, toutes ces pauvres petites vies s’éteignaient. » Mais il y en a tant d’autres.
L’évocation des cathédrales fantômes, telles qu’Aleth, Maguelone, Senez ou Zerracudum, de ces ruines squelettiques (il n’en parle pas mais j’ai aussi l’abbaye d’Ourscamp dans l’esprit), évocation très « romantique » de ces lieux parallèles, oubliés des hommes, devenus « inutiles », mais dotés d’une force qui les dépasse, contribue à l’atmosphère particulière de ce roman.
Plus on avance dans le roman, plus la mélancolie s’étend, et le cœur se serre à l’évocation de l’état actuel de notre Eglise. Le parallèle entre l’épuisement de Benoît et celui de Jean-Paul II s’impose de soi mais fait mal. Le sentiment religieux disparaît peu à peu (« La foi n’est plus qu’une petite affaire. A peine une question de morale. »), victime du matérialisme et de l’oubli du passé, et avec Benoît s’évanouit un lien de plus entre Dieu et les hommes. Nous voilà revenus au temps des catacombes, et l’on sent Jean Raspail très (trop ?) pessimiste quant à l’avenir du christianisme, qu’il voit victime d’une prochaine sécularisation, démocratisation, politisation. « viendrait un jour où l’enseignement de l’Eglise serait unanimement rejeté parce que devenu inapplicable au regard de la morale admise et de la religion du progrès. »
J’aurais encore bien à dire, mais le message est trop long et va lasser…
Plus tard, peut-être ?
Tout d’abord il me faut préciser que ce livre entre étonnamment en résonance avec ma pauvre petite existence pour deux raisons :
- la plupart des lieux qui sont visités me sont parfaitement connus : Rodez, l’Aveyron en général, Limoux, Alet, Maguelone, Rome et le Vatican, Avignon… à part Peñiscola et Senez, j’ai donc pu visualiser ce que je lisais, et c’est bien agréable
- je descends d’Etienne de Grimoard, frère de Guillaume de Grimoard, plus connu sous le nom d’Urbain V. L’un de mes oncles s’appelle d’ailleurs François Urbain pour cette raison
Aveyronnaise, j’ai beaucoup aimé l’image qui ressort des aveyronnais dans ce roman, avec la figure de Jean Carrier, celles des Armagnac (la très belle maison d’Armagnac à Rodez !), ou le passage : « Pays de rebelles, de révoltés, d’âmes intraitables. La nature y est à leur image. »
A ce propos, j’ai été un peu surprise de la description de l’abbaye Sainte-Tarcisse (dans la réalité, il n’y a qu’une église Sainte-Tarcisse à Rodelle) avec des murs d’andésite : on trouve de l’andésite dans le Puy de Dôme, dans le Cantal, mais pas que je sache en Aveyron. C’est plutôt du basalte. Et encore pas à Rodelle. Ce n’est qu’un détail, mais c’est amusant car l’andésite doit son nom à la Cordillère de Andes : Jean Raspail s’est-il amusé à faire un clin d’œil à la Patagonie ? Ce n’est que pure spéculation de ma part, bien sûr ! Peut-être ferney pourra-t-il nous en dire davantage sur l’andésite…
Ce qui m’a séduite dans ce roman, c’est d’abord le style qui permet de rendre vie à des faits historiques qui auraient pu me rebuter : batailles et tueries, univers uniquement masculin etc.
Mais Raspail a réussi le tour de force de rendre présent et drôle même ces sombres événements. Un humour en permanence sous-jacent, un regard amusé et ironique sur tout, qu’il s’agisse de Sainte Catherine de Sienne, qu’il n’a pas loupée la pauvre, ou de la blanquette de Limoux !
Toujours sur le style, j’aime beaucoup les passages où se superposent la voix de Raspail et celle des personnages du roman, par exemple ici celle de Vincent Ferrier : « Les émissaires de Pise peuvent se présenter. Ils seront fraîchement reçus ! Qu’est-ce que c’est que ce concile qui s’autorise à convoquer le pape ? Est-ce qu’à Pise on aurait oublié que c’est le pape seul qui convoque les conciles ? »
Cette superposition du passé et du présent est une véritable réussite, car on la trouve à tous les niveaux : celui du récit (avec l’alternance passé/1994) et celui du style (vocabulaire précis, recherché, élégant et humour très actuel). C’est plus qu’une superposition, c’est un télescopage.
Malgré l’humour, l’émotion gagne à la lecture de certains très beaux passages. J’ai particulièrement retenu celui-ci : « La terre tournait. Le monde changeait. Nous n’y avions aucune part. Qu’aurions-nous eu à nous dire, seuls, chacun dans notre coin ? […] Nous ne l’avons pas voulu. Nos âmes se parlaient. Le silence suffisait. Nous étions des lueurs dispersées dont seuls nous percevions l’éclat dans la nuit, sans nous voir. Si nous avions laissé le grand vent du monde souffler, toutes ces pauvres petites vies s’éteignaient. » Mais il y en a tant d’autres.
L’évocation des cathédrales fantômes, telles qu’Aleth, Maguelone, Senez ou Zerracudum, de ces ruines squelettiques (il n’en parle pas mais j’ai aussi l’abbaye d’Ourscamp dans l’esprit), évocation très « romantique » de ces lieux parallèles, oubliés des hommes, devenus « inutiles », mais dotés d’une force qui les dépasse, contribue à l’atmosphère particulière de ce roman.
Plus on avance dans le roman, plus la mélancolie s’étend, et le cœur se serre à l’évocation de l’état actuel de notre Eglise. Le parallèle entre l’épuisement de Benoît et celui de Jean-Paul II s’impose de soi mais fait mal. Le sentiment religieux disparaît peu à peu (« La foi n’est plus qu’une petite affaire. A peine une question de morale. »), victime du matérialisme et de l’oubli du passé, et avec Benoît s’évanouit un lien de plus entre Dieu et les hommes. Nous voilà revenus au temps des catacombes, et l’on sent Jean Raspail très (trop ?) pessimiste quant à l’avenir du christianisme, qu’il voit victime d’une prochaine sécularisation, démocratisation, politisation. « viendrait un jour où l’enseignement de l’Eglise serait unanimement rejeté parce que devenu inapplicable au regard de la morale admise et de la religion du progrès. »
J’aurais encore bien à dire, mais le message est trop long et va lasser…
Plus tard, peut-être ?
Clémence- Officier de la Couronne d'Acier
- Nombre de messages : 2298
Age : 53
Localisation : Amiens
Date d'inscription : 27/04/2008
Re: L'anneau du pêcheur
Encore encore chère Clémence.
C'est toujours un plaisir de vous lire et de voir que vous arrivez si bien à transcrire mon (notre) sentiment après la lecture d'un tel livre.
C'est toujours un plaisir de vous lire et de voir que vous arrivez si bien à transcrire mon (notre) sentiment après la lecture d'un tel livre.
Maxime- Commandeur de l'Etoile du Sud
- Nombre de messages : 295
Age : 46
Localisation : Paris
Date d'inscription : 25/03/2008
Re: L'anneau du pêcheur
Ca me donne moi aussi envie de le relire, mais je viens de me relancer dans "Les yeux d'Irène", qui ne m'avait pas forcément convaincu lors de la première lecture. Peut-être sauriez-vous être ausi dithyrambique à son sujet?
François B.- Commandeur de la Constellation du Sud
- Nombre de messages : 1306
Age : 65
Localisation : Versailles
Date d'inscription : 21/03/2008
Re: L'anneau du pêcheur
Je l'espère, mais maintenant je projette de lire Le jeu du roi, si j'arrive à le trouver !
Merci en tout cas de vos encouragements à tous les deux !
J'y reviendrai donc !
Merci en tout cas de vos encouragements à tous les deux !
J'y reviendrai donc !
Clémence- Officier de la Couronne d'Acier
- Nombre de messages : 2298
Age : 53
Localisation : Amiens
Date d'inscription : 27/04/2008
Re: L'anneau du pêcheur
"Le jeu du Roi" est disponible, entre autres, sur le site FNAC.com, 19€95.
François B.- Commandeur de la Constellation du Sud
- Nombre de messages : 1306
Age : 65
Localisation : Versailles
Date d'inscription : 21/03/2008
Re: L'anneau du pêcheur
Voici la suite de mes remarques, donc, puisque certains me font l’honneur de les trouver à leur goût !
J’ai remarqué dans ce roman, et je ne sais si c’est ainsi dans tous mais je le suppose, une grande tendresse vis-à-vis de l’enfance. Des passages comme « Dans ce paysage plutôt lugubre [on est aux environs de Sainte-Tarcisse], c’était comme si l’on venait de passer, songea Mgr Cassini, une sorte de frontière invisible au-delà de laquelle l’esprit d’enfance imprégnait les gens et les choses. L’esprit d’enfance, au Vatican, depuis les tempêtes du concile et les lames de fond qu’il suscitait encore, charriant de redoutables requins, n’était pas ce qu’il y avait de mieux partagé. » Au passage, on a encore un bon exemple de cette malice dont se teintent souvent les phrases de Raspail. On retrouve l’enfance avec ce jeune garçon qui contemple l’autoroute depuis un pont, et provoque un accident avec sa fronde : « On ne se comprendrait pas… » dit-il au sujet des hommes qui passent en dessous dans leurs bolides. Il y en a un troisième, pris en croupe par Jean Carrier, ému par sa spontanéité et sa confiance, et qui fait son entrée avec lui à Peñiscola. L’esprit d’enfance… ce moment de la vie où l’on a une confiance aveugle, et où l’on chevauche les nuages… A nous, adultes, de le préserver au maximum chez nos enfants, leur laissant du temps pour rêver, quitte à les laisser parfois « s’ennuyer », ou ne « rien » faire, car là se fonde la vie intérieure. C’est là les respecter.
A propos de vie intérieure, j’ai énormément apprécié le passage où Benoît XIII est en proie au doute : « Et si l’Eglise temporelle n’était en fait qu’un immense orgueil obèse, le confluent de toutes les vanités ? » Ce questionnement terriblement humain et humble, qui nous traverse tous l’esprit, n’est-il pas finalement le véritable orgueil ? Car l’acte de foi, sur lequel Benoît finalement s’endort, n’est-il pas de faire confiance à ce qui nous dépasse, de nous abandonner à la Providence ? « Il ne lui appartient pas de trancher. Il a été placé là. C’est son destin. » Et c’est peut-être cette attitude-là qui est la plus difficile.
Une phrase m’a bien surprise, je ne sais pas quel est votre avis dessus : « Une mission non formulée de l’Eglise catholique sur cette terre est de contenir la folie de l’Evangile. » (c’est au sujet du dépouillement évangélique). C’est tout de même assez sévère !
Je voudrais bien aussi connaître votre interprétation du choix de Raspail de faire mourir le dernier Benoît avant qu’il n’arrive à Rome. J’ai la mienne, mais je voudrais voir si elle rejoint la vôtre.
Autre sujet plus anecdotique : le nom des papes. D’abord je ne comprends pas pourquoi Jean Carrier choisit de s’appeler Benoît XIV alors qu’il vient d’en mourir un du même numéro. Si quelqu’un a la réponse ?
Ensuite, le choix du nom Benoît pour tous ces papes de l’ombre me semble une bonne idée, puisque ce prénom vient du latin « Benedictus » qui signifie « Béni ». C’est une façon de souligner la légitimité de cette lignée.
En revanche, je trouve très amusant, même si c’est là un fait historique et nom un choix d’écrivain, que les papes romains durant le schisme portent des noms empreints de douceur (Urbain, Boniface, Innocent !) alors même qu’ils sont présentés par Raspail comme des monstres d’arrivisme et de cruauté !
Une dernière remarque, après j’arrête, concernant l’oubli des valeurs et la méconnaissance des symboles. J’ai apprécié le passage concernant le drapeau français : « Le drapeau français flottait au mât, plutôt pisseux. Il y flottait jour et nuit, dans l’indifférence administrative, nul ne connaissant plus l’usage de rentrer les couleurs à la tombée du jour. » L’amnésie collective qui frappe notre société ne se cantonne donc pas aux repères religieux…
Le thème de l’oubli du passé est récurent. Et on le rencontre même au début, lors de l’évocation de Rome en 1378, avec l’état d’abandon dans lequel se trouvent les vestiges de l’Antiquité !
Voilà, j’ai été assez bavarde !
J’ai remarqué dans ce roman, et je ne sais si c’est ainsi dans tous mais je le suppose, une grande tendresse vis-à-vis de l’enfance. Des passages comme « Dans ce paysage plutôt lugubre [on est aux environs de Sainte-Tarcisse], c’était comme si l’on venait de passer, songea Mgr Cassini, une sorte de frontière invisible au-delà de laquelle l’esprit d’enfance imprégnait les gens et les choses. L’esprit d’enfance, au Vatican, depuis les tempêtes du concile et les lames de fond qu’il suscitait encore, charriant de redoutables requins, n’était pas ce qu’il y avait de mieux partagé. » Au passage, on a encore un bon exemple de cette malice dont se teintent souvent les phrases de Raspail. On retrouve l’enfance avec ce jeune garçon qui contemple l’autoroute depuis un pont, et provoque un accident avec sa fronde : « On ne se comprendrait pas… » dit-il au sujet des hommes qui passent en dessous dans leurs bolides. Il y en a un troisième, pris en croupe par Jean Carrier, ému par sa spontanéité et sa confiance, et qui fait son entrée avec lui à Peñiscola. L’esprit d’enfance… ce moment de la vie où l’on a une confiance aveugle, et où l’on chevauche les nuages… A nous, adultes, de le préserver au maximum chez nos enfants, leur laissant du temps pour rêver, quitte à les laisser parfois « s’ennuyer », ou ne « rien » faire, car là se fonde la vie intérieure. C’est là les respecter.
A propos de vie intérieure, j’ai énormément apprécié le passage où Benoît XIII est en proie au doute : « Et si l’Eglise temporelle n’était en fait qu’un immense orgueil obèse, le confluent de toutes les vanités ? » Ce questionnement terriblement humain et humble, qui nous traverse tous l’esprit, n’est-il pas finalement le véritable orgueil ? Car l’acte de foi, sur lequel Benoît finalement s’endort, n’est-il pas de faire confiance à ce qui nous dépasse, de nous abandonner à la Providence ? « Il ne lui appartient pas de trancher. Il a été placé là. C’est son destin. » Et c’est peut-être cette attitude-là qui est la plus difficile.
Une phrase m’a bien surprise, je ne sais pas quel est votre avis dessus : « Une mission non formulée de l’Eglise catholique sur cette terre est de contenir la folie de l’Evangile. » (c’est au sujet du dépouillement évangélique). C’est tout de même assez sévère !
Je voudrais bien aussi connaître votre interprétation du choix de Raspail de faire mourir le dernier Benoît avant qu’il n’arrive à Rome. J’ai la mienne, mais je voudrais voir si elle rejoint la vôtre.
Autre sujet plus anecdotique : le nom des papes. D’abord je ne comprends pas pourquoi Jean Carrier choisit de s’appeler Benoît XIV alors qu’il vient d’en mourir un du même numéro. Si quelqu’un a la réponse ?
Ensuite, le choix du nom Benoît pour tous ces papes de l’ombre me semble une bonne idée, puisque ce prénom vient du latin « Benedictus » qui signifie « Béni ». C’est une façon de souligner la légitimité de cette lignée.
En revanche, je trouve très amusant, même si c’est là un fait historique et nom un choix d’écrivain, que les papes romains durant le schisme portent des noms empreints de douceur (Urbain, Boniface, Innocent !) alors même qu’ils sont présentés par Raspail comme des monstres d’arrivisme et de cruauté !
Une dernière remarque, après j’arrête, concernant l’oubli des valeurs et la méconnaissance des symboles. J’ai apprécié le passage concernant le drapeau français : « Le drapeau français flottait au mât, plutôt pisseux. Il y flottait jour et nuit, dans l’indifférence administrative, nul ne connaissant plus l’usage de rentrer les couleurs à la tombée du jour. » L’amnésie collective qui frappe notre société ne se cantonne donc pas aux repères religieux…
Le thème de l’oubli du passé est récurent. Et on le rencontre même au début, lors de l’évocation de Rome en 1378, avec l’état d’abandon dans lequel se trouvent les vestiges de l’Antiquité !
Voilà, j’ai été assez bavarde !
Clémence- Officier de la Couronne d'Acier
- Nombre de messages : 2298
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Localisation : Amiens
Date d'inscription : 27/04/2008
Re: L'anneau du pêcheur
J'ai repassé en gras mes questions, parce qu'il y en a qui dorment au fond de la classe, là !
Personne pour me répondre ?
Personne pour me répondre ?
Clémence- Officier de la Couronne d'Acier
- Nombre de messages : 2298
Age : 53
Localisation : Amiens
Date d'inscription : 27/04/2008
Re: L'anneau du pêcheur
Elève Blein, très pris par Roland Garros, n'a pas pu approfondir une telle question qui mérite réflexion et à laquelle il serait indécent de répondre trop vite...
Paul- Grand Cordon de l'Etoile du Sud
- Nombre de messages : 450
Age : 76
Localisation : Paris
Date d'inscription : 22/03/2008
Re: L'anneau du pêcheur
Pofitez donc de l'interruption à cause de la pluie cher Paul
Maxime- Commandeur de l'Etoile du Sud
- Nombre de messages : 295
Age : 46
Localisation : Paris
Date d'inscription : 25/03/2008
Re: L'anneau du pêcheur
Non, cela peut reprendre à tout moment, et les questions posées demandent réflexion!!
Paul- Grand Cordon de l'Etoile du Sud
- Nombre de messages : 450
Age : 76
Localisation : Paris
Date d'inscription : 22/03/2008
Re: L'anneau du pêcheur
Vos questions, chère Clemence, meritent un peu de temps , je reviendrai donc dessus dans quelques temps mais je ne vous oublies pas, c'est promis !
En revanche, au delà de vos questions, j'abonde dans votre sens notamment sur 2 points :
1/ la place des enfants et l'attention qui leur est donnée. C'est nous rappeler que dès le plus jeune âge, il faut donner aux têtes blondes la possibilité de rêver. C'est la seule manière de leur ouvrir le Royaume patagon. Que tout n'est pas que rentabilité et utilité. De même l'art, la musique. Ca ne sert à rien, le piano. Ca ne sert à rien de regarder un tableau de peintre hollandais pendant 2 heures : ça ne sert à rien, on perd son temps mais on gagne son âme.
2/ le parallélisme très fort entre Sire et l'Anneau du pecheur, notamment dans la place, voire le poids, du destin que le heros vit, accepte et mène dans l'inutile et le dépouillement jusqu'à son terme. C'est à la fois très fort, très beau et completement dérisoire. Encore une fois, c'est l'essence de ce qui nous reunit dans ce Royaume.
En revanche, au delà de vos questions, j'abonde dans votre sens notamment sur 2 points :
1/ la place des enfants et l'attention qui leur est donnée. C'est nous rappeler que dès le plus jeune âge, il faut donner aux têtes blondes la possibilité de rêver. C'est la seule manière de leur ouvrir le Royaume patagon. Que tout n'est pas que rentabilité et utilité. De même l'art, la musique. Ca ne sert à rien, le piano. Ca ne sert à rien de regarder un tableau de peintre hollandais pendant 2 heures : ça ne sert à rien, on perd son temps mais on gagne son âme.
2/ le parallélisme très fort entre Sire et l'Anneau du pecheur, notamment dans la place, voire le poids, du destin que le heros vit, accepte et mène dans l'inutile et le dépouillement jusqu'à son terme. C'est à la fois très fort, très beau et completement dérisoire. Encore une fois, c'est l'essence de ce qui nous reunit dans ce Royaume.
Gregoire- Officier de la Constellation du Sud
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Mar 17 Jan - 19:08 par Le Hibou
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