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Eloge Funèbre d'Etienne de Montety

2 participants

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Eloge Funèbre d'Etienne de Montety Empty Eloge Funèbre d'Etienne de Montety

Message par Admin Dim 21 Juin - 12:41

Voici le texte de l'éloge funèbre prononcé par M. Etienne de Montety, Directeur du Figaro Littéraire et membre du Service de presse du Consulat Général de Patagonie, lors des funérailles de Jean Raspail en l'église Saint Roch.

Magnifique.

"Alors nous y voici, cher Jean.
Nous voici arrivés à ce moment que nous n’avons jamais voulu envisager, à ce moment poignant où nous allons devoir parler de vous au passé. Le passé, c’est un temps que nous aimons dans vos romans. Vous aviez l’art de l’enchanter.
Mais il nous est pénible de l’employer ce matin.
Depuis quelques jours, nous savions par votre chère Aliette, que vous arriviez aux confins, que vous vous apprêtiez à franchir la frontière, pour parler la langue du Septentrion.
Aujourd’hui nous voici un peu désemparés, avec nos souvenirs. Ils sont innombrables, ils nous émeuvent et nous réconfortent à la fois.
Cher Jean,
En me rendant à Saint-Roch ce matin, j’ai vu par une trouée dans le ciel – mais peut-être mes yeux étaient-ils embués ? -, j’ai vu un superbe cortège. C’était une scène du Livre de l’Apocalypse.
Sous le soleil une forte troupe vous entourait. Sur les rangs, j’apercevais un escadron de Pikkendorff Cavalerie, un autre de Margravine Cavalerie, et deux sections du 3° Wurtemburgeois, venues d’Altheim-Neufra. Il me semble qu’il y avait aussi des hussards de Katlinka. Je ne saurais décrire leurs uniformes mieux que vous ne l’avez fait.
Ces soldats vous présentaient les armes. Un jeune trompette sonnait Aux morts.
A côté d’eux, se tenaient, regroupés comme une famille en deuil, le prince Philippe Pharamond, Pierre Pottier, l’abbé Charlébègue, la margravine justement, Lafko fils de Lafko, le cadet Vénier ; et des Pikkendorff bien sûr, de très nombreux Pikkendorff : j’ai reconnu Karl, Oktavius, Zara, Elena, Silve et Frédéric.
Ils étaient aussi beaux que dans vos livres. Mais ils étaient tristes, comme nous aujourd’hui.
Cher Jean,
Avec vous, comme ce que dit Stendhal de Julien Sorel, avec vous « c’était tous les jours tempête ». Peut-être pas tous les jours, mais souvent. Vous grommeliez, vous protestiez, vous tonniez. Vous vous insurgiez. Contre une actualité sinistre, contre la sottise de certains de nos contemporains, contre la tentation de réécrire de l’histoire, il est vrai que les occasions ne manquent pas.
Parfois vous vous emballiez, vous preniez votre plume et vous chargiez.
Avec votre Camp des Saints, horresco referens, avec ce fameux Camp des Saints c’est peu dire que vous avez fait parler la poudre. Il vous a valu bien des attaques, de la part de gens acharnés à bafouer la liberté du romancier de créer un univers à sa façon. Courageusement, vous avez affronté la meute. Je crois même que la bagarre vous aurait amusé, si le sujet n’avait pas été aussi grave.
Vous aimiez les beaux gestes, et les belles causes – fussent-elles des causes perdues. Les vôtres, c’était les soldats vaincus de Dien Bien Phu, en l’honneur de qui vous aviez organisé une prise d’armes, près du lac Titicaca, en présence des autorités locales venues vous présenter leurs condoléances.
Vous aimiez les peuples oubliés, ceux des Caraïbes comme ceux de Borée, les Indiens Shinnecoks de la princesse Nowadonah.
Vous aviez pris fait et cause pour les Alakalufs, vos chers Alakalufs qui ne connaissaient pas le mot bonheur. Ce peuple de Terre de Feu, condamné par le progrès et l’arrivée de l’homme blanc, vous avez contribué, après José Emperaire, à le faire survivre dans la mémoire contemporaine. Aujourd’hui, cher Jean, qui se souvient des Hommes ? Vos lecteurs.
Vos nobles causes à défendre, c’était toujours les Chouans, les Cristeros, c’était Bonnie Prince Charlie, le gentil roi, dernier des Stuarts, sur les traces de qui nous étions partis tous les deux en reportage, à Culloden, en Ecosse. Un reportage très arrosé, et pas seulement parce qu’il avait plu tous les jours.
En 1993, année du bicentenaire, vous avez déplacé des montagnes, bousculé l’administration, bravé l’indifférence, vaincu l’adversité pour que soit rendu un juste hommage à Louis XVI. Pas très loin d’ici, sur la place de la Concorde des milliers de Français avaient répondu à votre appel. Calmement, pieusement. C’était le 21 janvier. L’ambassadeur des Etats-Unis, en personne, s’était joint à la foule, et avait déposé une gerbe.
La réussite de cet événement, disiez-vous, était votre plus grande fierté. Honorer le souvenir du roi martyr, et par-delà, entretenir la mémoire glorieuse et tragique de la France, c’était pour vous une nécessité impérieuse. Vous vous en êtes acquitté, en grand Français, et en scout exemplaire, sans attendre d’autre récompense que celle de savoir que vous accomplissiez votre devoir : « Je maintiendrai ».
Vous voici maintenant auprès de votre Seigneur et Dieu. De Lui, vous parliez peu, vous étiez pudique, croyant, inquiet. Après tant de combats, tant de blessures, tant de doutes peut-être, vous reposez maintenant sous le signe de la miséricorde. Et cette certitude est un grand réconfort pour vos amis. Car c’est un si beau mot, la miséricorde. Vous en avez fait le titre d’un roman, étonnant et profond. Etonnamment apaisé. Votre dernier cadeau à vos lecteurs. Et quel cadeau !
Cher Jean,
Des écrivains reçoivent le prix Nobel de littérature. D’autres le Goncourt. D’autres encore siègent à l’Académie française. Vous, vous aviez acquis une autre stature. Vous étiez à la tête d’un état imaginaire, la Patagonie, où vous avez exercé pendant 40 ans, une sorte de régence. Un gouvernement en exil pour le compte de Sa Majesté le Roi Orélie-Antoine, un gouvernement poétique, à la fois virtuel et bien réel, conduit avec la complicité de votre fidèle ami, le chancelier François Tulli. Votre consulat général, fonction mystérieuse et prestigieuse, faisait rêver, et nombre de romanciers vous l’enviaient, en secret. Pour vos livres et pour ce magistère invisible, vous aviez l’admiration de Jean Anouilh, de Michel Déon, de Félicien Marceau, de Jean d’Ormesson.
Soyez-en assuré, cette aventure de la Patagonie est le meilleur gage de votre postérité. Les Patagons ne vous oublieront pas. Ils vous doivent tant : et d’abord de merveilleux moments de bonheur passés dans vos livres, grâce au Jeu du Roi, et à Moi Antoine de Tounens. Votre talent était magnifique et le pouvoir de la littérature est immense.
Ils vous doivent surtout d’avoir été admis dans une confrérie régie par l’amitié et la jeunesse du cœur, où ils ont pu se réfugier quand il faisait trop froid dehors, quand le monde était sombre, quand la vie était dure. La Patagonie leur a généreusement ouvert ses portes, par la signature de son consul général.
Depuis samedi, cher Jean, le drapeau bleu-blanc-vert est en berne. Ses étoiles ont un peu perdu de leur éclat.
Et dans cette église Saint-Roch, et dans Paris, dans la France des vice-consuls et partout dans le monde, ils sont nombreux les Patagons à murmurer comme nous tous ici, les yeux humides et la voix altérée par le chagrin : « Adios, M. le consul général, adios ».
Et merci de nous avoir partagé votre rêve."
Admin
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Eloge Funèbre d'Etienne de Montety Empty Re: Eloge Funèbre d'Etienne de Montety

Message par Olivier Lun 22 Juin - 21:57

Merci mille fois, cher Pierre, de nous permettre de relire, aujourd'hui et demain, ce très beau texte d'Etienne de Montéty.
Même si je l'ai entendu en direct (via la retransmission du figaro live, n'ayant pu me rendre à St Roch), j'ai grand plaisir à le lire et à me le remémorer.

Même si cela n'atténuera pas le regret que j'ai de n'avoir pu me rendre aux obsèques du 17 juin, je suis allé me recueillir avant hier, samedi 20, sur la tombe de Jean Raspail.
Et figurez-vous que 3 heures avant cet hommage, en attendant mes enfants (évidemment Patagons !) sur le bd St Michel, j'y ai croisé ce cher Sylvain Tesson. Vous devinerez sans peine que nous en sommes très rapidement venu à évoquer la mémoire de notre regretté Consul général...
Olivier
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