Les royaumes de Borée

Je suis en train de reprendre ce livre et je me régale.
La description de l'arrivée d'Oktavius à Ragen me laisse songeur.
Le désir des horizons lointains est une disposition d'esprit fort mal partagée. Toute notre Patagonie est contenue dans cette phrase (que je retranscrit de mémoire que j'ai souvent défaillante).

Il faut que je relise celui-là, mes souvenirs sont embrumés

tout pareil. Il faut que je le relise. Merci Ronan, de nous en avoir donner l'envie.

Et moi, je crois qu'il faudrait que je le lise tout court.....

ronan quelven a écrit:Je suis en train de reprendre ce livre et je me régale.
La description de l'arrivée d'Oktavius à Ragen me laisse songeur.
Le désir des horizons lointains est une disposition d'esprit fort mal partagée. Toute notre Patagonie est contenue dans cette phrase (que je retranscrit de mémoire que j'ai souvent défaillante).

Bravo pour rappeler cette citation: en ces temps de baccalauréat, ce serait un beau sujet de dissertation soit en épreuve de Français soit en philo.
Tout cela mérite un beau développement avec une analyse de chaque mot: qu'est-ce que le désir et jusqu'où peut-on aller ?
Disposition est aussi un état d'esprit à un moment donné ... 'disposition d'esprit' serait dans la phrase un pléonasme peut-être pas gratuit dans 'l'esprit' de celui qui a écrit la citation. Alors à quel 'esprit' l'auteur se réfère ? Le rêve jamais assouvi mais bien rêvé donc 'réel', l'imagination, un nirvana inatteignable ...
Et il faut donner des références: la littérature du voyage ou celle, presque identique, celle autour de la quête et de l'accomplissement de soi-même et on arrive aux grands mystiques.
On est tous pétris un peu de tout cela mais a-t-on tous la même 'disposition', une valant bien une autre ...
Bon, j'arrête là - mon bac est très loin derrière - mais j'aurais aimé avoir ce sujet à traiter en 4 heures !!!

Et vous, chers amis ?

Ferney,

Oui, d'autant plus que la philo était ma matière forte en terminale !

Ronan indique qu'il n'est pas sûr que sa citation soit fidèle, mais on va faire comme si...

Je ne suis pas d'accord avec le sens que vous donnez à "disposition", Ferney : vous privilégiez le sens d'"état d'esprit passager" ( humeur, comme dans l'expression "être dans de bonnes dispositions"), alors que je pencherais plutôt pour le sens de "faculté", "don", "aptitude" (comme dans l'expression "avoir des dispositions pour"). Il s'agit selon moi d'une tournure d'esprit, d'une façon d'être fait innée, que l'on ne peut donc acquérir, ce qui peut sembler injuste, mais après tout je n'ai pas de dispositions spéciales pour jouer d'un instrument de musique, et je n'en fais pas un drame, même si je peux trouver ça injuste.
D'où la suite : "fort mal partagée" : faut-il y lire le regret, la fierté, ou un simple constat ? Comme je n'ai pas lu la suite du roman et que je ne suis pas encore spécialiste de l'oeuvre de Jean Raspail, vous saurez mieux que moi. Il y a en tout cas l'idée d'une "élection", doublée d'un autre sens qui serait : peut-on vraiment partager ce rêve, c'est-à-dire lui donner tous la même signification ? On retrouve la question qui revient souvent dans le forum, à savoir : quel est notre dénominateur commun ? Avons-nous tous la même Patagonie ? La mienne a un certain visage, qui n'est pas du tout celui de la Patagonie de Ronan, qui n'est pas non plus celle de Ferney...

Deux autres termes peuvent être mis en relation car leur association surprend : "désir" et "esprit". Le premier renvoie à l'affectif ("attirance", "goût"), le second à l'intellect, à la faculté imaginative. Je réconcilie ces deux mots ainsi : le Patagon a au fond de lui un attrait pour un "horizon lointain", qui peut se comprendre dans son acception spatiale ou non, mais cet attrait passe avant tout par l'imaginaire, même si l'on peut donner corps à cet imaginaire par la commande de cravates, par exemple ! En d'autres termes, il est possible de concrétiser ce désir d'horizons lointains (je pense à l'expédition des Minquiers), mais il reste avant tout un rêve, et c'est peut-être aussi ce qui lui donne sa force, car le réalisme tue le rêve, et objectivement, la Patagonie serait folie si on la prenait trop au sérieux, non ?
Mais ce qui est plaisant dans l'expression "désir des horizons lointains", c'est l'aspect positif : il ne souligne pas la fuite de l'"ici", il ajoute l'envie de l'"ailleurs" (je ne sais pas si je suis très claire, hum... ). Pourtant, et vous avez le droit de vous insurger, ce genre de disposition doit se rencontrer surtout chez ceux qui préfèrent rêver une partie de leur vie plutôt que de l'assumer dans tous ses aspects. Mais loin de stigmatiser cette aspiration, Raspail lui donne des lettres de noblesse (merci Jean !).

Ai-je bien travaillé, Ferney ?

Clémence a écrit:Oui, d'autant plus que la philo était ma matière forte en terminale !

Ronan indique qu'il n'est pas sûr que sa citation soit fidèle, mais on va faire comme si...

Je ne suis pas d'accord avec le sens que vous donnez à "disposition", Ferney : vous privilégiez le sens d'"état d'esprit passager" ( humeur, comme dans l'expression "être dans de bonnes dispositions"), alors que je pencherais plutôt pour le sens de "faculté", "don", "aptitude" (comme dans l'expression "avoir des dispositions pour"). Il s'agit selon moi d'une tournure d'esprit, d'une façon d'être fait innée, que l'on ne peut donc acquérir, ce qui peut sembler injuste, mais après tout je n'ai pas de dispositions spéciales pour jouer d'un instrument de musique, et je n'en fais pas un drame, même si je peux trouver ça injuste.
D'où la suite : "fort mal partagée" : faut-il y lire le regret, la fierté, ou un simple constat ? Comme je n'ai pas lu la suite du roman et que je ne suis pas encore spécialiste de l'oeuvre de Jean Raspail, vous saurez mieux que moi. Il y a en tout cas l'idée d'une "élection", doublée d'un autre sens qui serait : peut-on vraiment partager ce rêve, c'est-à-dire lui donner tous la même signification ? On retrouve la question qui revient souvent dans le forum, à savoir : quel est notre dénominateur commun ? Avons-nous tous la même Patagonie ? La mienne a un certain visage, qui n'est pas du tout celui de la Patagonie de Ronan, qui n'est pas non plus celle de Ferney...

Deux autres termes peuvent être mis en relation car leur association surprend : "désir" et "esprit". Le premier renvoie à l'affectif ("attirance", "goût"), le second à l'intellect, à la faculté imaginative. Je réconcilie ces deux mots ainsi : le Patagon a au fond de lui un attrait pour un "horizon lointain", qui peut se comprendre dans son acception spatiale ou non, mais cet attrait passe avant tout par l'imaginaire, même si l'on peut donner corps à cet imaginaire par la commande de cravates, par exemple ! En d'autres termes, il est possible de concrétiser ce désir d'horizons lointains (je pense à l'expédition des Minquiers), mais il reste avant tout un rêve, et c'est peut-être aussi ce qui lui donne sa force, car le réalisme tue le rêve, et objectivement, la Patagonie serait folie si on la prenait trop au sérieux, non ?
Mais ce qui est plaisant dans l'expression "désir des horizons lointains", c'est l'aspect positif : il ne souligne pas la fuite de l'"ici", il ajoute l'envie de l'"ailleurs" (je ne sais pas si je suis très claire, hum... ). Pourtant, et vous avez le droit de vous insurger, ce genre de disposition doit se rencontrer surtout chez ceux qui préfèrent rêver une partie de leur vie plutôt que de l'assumer dans tous ses aspects. Mais loin de stigmatiser cette aspiration, Raspail lui donne des lettres de noblesse (merci Jean !).

Ai-je bien travaillé, Ferney ?

Chère Clémence,
Vous avez trés bien travaillé et surtout réféchi mais je ne suis pas le prof correcteur et je ne suis sûrement pas le seul à apprécier votre analyse qui nous remet en piste.
Vous avez bien nuancé le mot 'disposition' et c'est dans votre sens que je l'entendais mais pas aussi complétement détaillé, ainsi je dis '... mais a-t-on tous la même 'disposition', une valant bien une autre ...' et vous l'illustrez parfaitement avec votre exemple de savoir jouer d'un instrument de musique et si on ne sait jouer d'aucun instrument - ce qui est mon cas - je n'en fais pas un drame non plus et cela ne m'empêche d'apprécier la grande musique, certes avec une autre approche que celui qui sait jouer mais qui vaut bien la sienne. L'envie de 'l'ailleurs' nous tient tous: j'ai la chance d'être dans un milieu plutôt recherche pure scientifique et cet 'ailleurs' est la motivation profonde de tout chercheur, surtout quand il a les moyens de réaliser son rêve, pas seulement de Prix Nobel par exemple, mais la connaissance universelle au bénéfice de tous. On parle souvent de chercheur un peu fou et rêveur ... heureusement qu'il y en a quelques uns, et pas les moindres. Et le rêve en appelle un autre ...

Merci et à bientôt, Ferney.

Un détail amusant sur ce roman, j'ai du changer le titre pour l'adaptation en bande dessinée, il existait un album d'héroic fantasy, qui n'avait jamais dépassé le tome 1intitulé "les royaumes de Borée",je l'ai appris en compagnie de notre ami Ferney chez un libraire de sa région, adossé au bacs des livres d'occasion pour dédicacer ,un lecteur l'en avait extirpé.J'étais persuadé que l'ouvrage de Raspail avait l'antériorité,et bien non.cette petite BD était antérieure.Ensuite Jean Raspail avec qui je discutais de cela et surtout du coté "décalé" du titre par rapport au roman, il n'y est pas question de royaume,encore moins au pluriel, Jean m'a confié que ce titre était celui de l'éditeur.Raspail c'est le roi ,il faut du royaume... voilà le dessous de la cuisine éditoriale.

C'est en effet assez amusant comme coïncidence!

Et notre Consul Général vous a-t-il dévoilé le titre que lui avait choisi?

Au fait, quand doit sortir votre Opus?

Pour Jean Raspail cela tournait au tour de Borée, du genre : La borée
ou Boréal,il n'avait rien de précis.mais les éditeurs font parfois de bons titres ,"qui se souvient des hommes " et un titre de l'éditeur.
le mien qui sera "le royaume de Borée" tome 1 Oktavius ,il y en aura 4 sort le 24 août.

Boréal... parce qu'il le vaut bien... OK c'est facile...

Un peu tiré par les cheveux, Clémence...

Clémence a écrit:Boréal... parce qu'il le vaut bien...

Élève Clémence, au coin..!!

François B. a écrit:

Clémence a écrit:Boréal... parce qu'il le vaut bien...

Élève Clémence, au coin..!!

Y'en a qui regarde trop la Télé ...

Clémence ,je dépose une demande de blâme à la chancellerie et au bout de 12 blâmes il y a un avertissement.

Sur l'origine du roman, un petit article sur celui à qui est dédié le livre:
http://terpant.over-blog.com/article-les-origines-du-royaume-80710742.html

Merci beaucoup cher Terpant.

Le propos est peut-être hérétique sur ce forum mais je dois avouer que le monde des royaumes de Borée, de Septentrion et de la Principauté de Valduzia, tout cet univers de la Frontière, me parle plus encore que la Patagonie.

Probablement parce que j'ai l'âme plus continentale que maritime...

Est-ce grave, docteur?

PS: ceci n'est pas une provocation adressée au lobby ar-moricain.

Je suis de cette branche aussi Mr le vice-consul, Du vercors où des Ardennes ,nous sommes plus du côté du sanglier que du phoque...chacun sa Patagonie ,la mienne aussi coure dans les bois avec longue-carabine et chincagook.


je suis en train d'écrire un scénario sur fort de Chartres en 1763

Terpant a écrit:Je suis de cette branche aussi Mr le vice-consul, Du vercors où des Ardennes ,nous sommes plus du côté du sanglier que du phoque...chacun sa Patagonie ,la mienne aussi coure dans les bois avec longue-carabine et chincagook.


je suis en train d'écrire un scénario sur fort de Chartres en 1763

"Je suis du pays de l’arbre et de la forêt, du chêne et du sanglier, de la vigne et des toits pentus, des chansons de geste et des contes de fées, du solstice d’hiver et de la Saint-Jean d’été"

Je me réjouis de lire votre opus une fois terminé, et vous souhaite une belle préface de notre Consul Général!

Chers amis, on peut très bien arrivé à la Frontière par ses limes maritimes... Un commodore l'aurait même fait en 1631... Comme quoi, chasser le phoque n'est pas rédhibitoire.