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Re: Hurrah Zara
Je viens à l'instant de finir ce livre et mon impression est excellente.
On y retrouve tous les thèmes chers à l'auteur et s'est un vrai plaisir de faire ainsi des passerelles entre les ouvrages. Je rajouterai au message de Pierre du 26 mars que Philippe-Pharamond est un Pikkendorff par sa mère ; c'est un exemple de plus.
Ce livre peut servir de plate-forme pour dessiner une sorte d'univers raspaillien. Chaque livre suit ses propres pas mais dans un univers commun. Interressant autant que génial.
L'histoire de cette famille mériterait presque un deuxième tome où nous pourrions découvrir une autre branche cadette et oubliée des Pikkendorff ...
Hurrah Zara !
On y retrouve tous les thèmes chers à l'auteur et s'est un vrai plaisir de faire ainsi des passerelles entre les ouvrages. Je rajouterai au message de Pierre du 26 mars que Philippe-Pharamond est un Pikkendorff par sa mère ; c'est un exemple de plus.
Ce livre peut servir de plate-forme pour dessiner une sorte d'univers raspaillien. Chaque livre suit ses propres pas mais dans un univers commun. Interressant autant que génial.
L'histoire de cette famille mériterait presque un deuxième tome où nous pourrions découvrir une autre branche cadette et oubliée des Pikkendorff ...
Hurrah Zara !
François R- Commandeur de la Constellation du Sud
- Nombre de messages : 1370
Localisation : Belgique
Date d'inscription : 23/03/2008
Re: Hurrah Zara
J'ai moi aussi beaucoup aimé ce livre, que j'ai lu il y a peu. Je trouve d'ailleurs que ce roman est dans la même veine que "Sire", et complètement différent de "Moi, Antoine de Tounens", que j'ai fini hier soir.
Je trouve que ce dernier roman est plus dans le thème du voyage, se rapprochant ainsi des Royaumes de Borée.
Je me suis fait livré en France le Jeu du Roi et le Camp des Saints ; j'attends samedi avec impatience !
Je trouve que ce dernier roman est plus dans le thème du voyage, se rapprochant ainsi des Royaumes de Borée.
Je me suis fait livré en France le Jeu du Roi et le Camp des Saints ; j'attends samedi avec impatience !
Re: Hurrah Zara
Devant tant d'enthousiasme, je vais piquer ce livre à ma mère et le rapporter dans mes bagages...
Clémence- Officier de la Couronne d'Acier
- Nombre de messages : 2298
Age : 53
Localisation : Amiens
Date d'inscription : 27/04/2008
Re: Hurrah Zara
C'est du Raspail, je pense qu'il n'y aura pas de déception ...
François R- Commandeur de la Constellation du Sud
- Nombre de messages : 1370
Localisation : Belgique
Date d'inscription : 23/03/2008
Re: Hurrah Zara
Je suis du même avis.....probablement l'un des meilleurs ouvrages de notre consul.
Vincent Texier- Officier de l'Etoile du Sud
- Nombre de messages : 111
Age : 57
Localisation : Ancenis / Quiberon
Date d'inscription : 29/03/2008
Re: Hurrah Zara
Juste un bémol : le rythme est très enlevé au début du bouquin, passant d'un personnage à l'autre avec souplesse et légèreté, puis l'on s'apesantit sur Elena, la tueuse de sous-marins, et c'est un peu longuet...
Et je franchis tout aussi légèrement mes 200 messages , mais je suis toujours bleu !!!!
Et je franchis tout aussi légèrement mes 200 messages , mais je suis toujours bleu !!!!
Re: Hurrah Zara
Vous aviez tous raison : Hurrah Zara est un régal. Toutefois, il me semble qu’il serait dommage, pour quelqu’un qui ne connaît pas l’univers de Jean Raspail, de commencer par ce roman-là, car il ne goûterait pas ce plaisir, comme dit François R, de « faire ainsi des passerelles entre les ouvrages ». C’est peut-être pour cela que ma maman n’avait pas été emballée outre mesure (elle l’avait trouvé « amusant, sans plus »).
Curieux roman dont la forme même mériterait qu’on s’y arrête longuement (ce que je ne vais pas faire). En tant que littéraire, je peux vous dire que Jean Raspail mériterait amplement davantage d’égards de la part de ces messieurs les critiques, ne serait-ce que pour ses innovations en matière de narration. Je ne vais pas me lancer dans un cours de narratologie, n’ayez crainte. Toutefois, cette galerie de portraits qui permet, en suivant une même famille, d’enjamber siècles et continents, personnalités et milieux très divers, tout en dessinant en creux le portrait de l’un des derniers Pikkendorff (Frédéric), est très originale. De même que ce récit à deux voix, et cette impression de puzzle (« Frédéric était un conteur en zigzag. » p191), « d’œuvre » aussi de la part de Jean Raspail, qui tel un historien rassemble témoignages, documents, lettres, objets… pour garder mémoire de cette famille pas comme les autres.
Curieux roman dont la forme même mériterait qu’on s’y arrête longuement (ce que je ne vais pas faire). En tant que littéraire, je peux vous dire que Jean Raspail mériterait amplement davantage d’égards de la part de ces messieurs les critiques, ne serait-ce que pour ses innovations en matière de narration. Je ne vais pas me lancer dans un cours de narratologie, n’ayez crainte. Toutefois, cette galerie de portraits qui permet, en suivant une même famille, d’enjamber siècles et continents, personnalités et milieux très divers, tout en dessinant en creux le portrait de l’un des derniers Pikkendorff (Frédéric), est très originale. De même que ce récit à deux voix, et cette impression de puzzle (« Frédéric était un conteur en zigzag. » p191), « d’œuvre » aussi de la part de Jean Raspail, qui tel un historien rassemble témoignages, documents, lettres, objets… pour garder mémoire de cette famille pas comme les autres.
Clémence- Officier de la Couronne d'Acier
- Nombre de messages : 2298
Age : 53
Localisation : Amiens
Date d'inscription : 27/04/2008
L'amitié dans Hurrah Zara
L’un des thèmes majeurs de ce roman me paraît être l’amitié entre Jean et Frédéric que l’on suit de sa jeunesse à sa mort. C’est ce qui permet de faire l’unité entre tous ces portraits.
Frédéric et Jean sont liés par « cette forme d’amitié épurée par l’absence et par la distance [qui] trie les raisons que l’on a de s’apprécier mutuellement pour n’en plus conserver que l’essentiel, qui n’est pas forcément la vérité, mais l’idée que l’on se fait l’un de l’autre en embellissant le meilleur et en ignorant le moins bon de chacun, c’est cela qui est important : une amitié qui élève et non qui abaisse. » (p17)
Leur relation d’amitié est singulière : Frédéric a besoin d’un auditeur attentif et bienveillant pour raconter la saga des Pikkendorff. Raspail le souligne avec modestie : « C’était à cela que je servais. » (p133), lequel se laisse prendre de passion pour cette famille qui peu à peu devient comme la sienne. Frédéric a en quelque sorte élu son ami pour partager son monde intérieur, ce qui permet de lui donner plus de réalité et de vie que s’il l’avait gardé uniquement pour lui-même. On peut ainsi considérer ces confidences comme une sorte de testament, rédigé pendant une vie entière par un ami écrivain, « autour du verre de l’amitié et de la connivence ».
Cette amitié qui refuse le banal et l’ordinaire : « Et qu’est-ce que tu en aurais fait [du n° de tel.] ? On se serait vus plus souvent, on aurait parlé de tout et de rien, on se serait donné des nouvelles de nos petites vies respectives, on aurait noyé l’essentiel dans un flot d’inutilités, on se serait englués jusqu’au cou dans l’ordinaire de l’amitié ?... » (p324) est tacitement balisée, encadrée, chacun ayant son rôle respectif et interdiction de mélanger les univers. On comprend pourquoi à la fin, lorsque le voile se lève sur la réalité de la vie de Frédéric, qu’on imaginait agent secret. Plus les années passent, plus l’écrivain pressent que ce secret d’une vie est sacré : « Cela aurait été une mauvaise action, pour le peu de temps qui lui restait à vivre, de le faire descendre de la montagne étincelante où il avait planté, au son des fanfares, les oriflammes vert et rouge du camp du drap d'or des Pikkendorff. » (p323) A vouloir tout savoir, on brise un mythe.
Frédéric était-il un raté qui vivait par procuration de ses glorieux ancêtres ? « un seul dérivatif, une seule passion pour lui maintenir la tête hors de l’eau : les Pikkendorff. » (p344) Mais tout le monde peut-il être un héros ? Frédéric n’a rien accompli d’exceptionnel dans sa vie, et se définit lui-même comme un membre très ordinaire de la famille, mais il est malgré tout devenu personnage de roman, car sa valeur était moins dans ses actes que dans son monde intérieur, « grattant inlassablement le papier pour m’envoyer par la poste le meilleur de lui-même. » (p284). En partageant la narration avec lui, Raspail rend hommage à son ami et à ses talents de conteur, à sa capacité à l’introduire dans son univers si riche, unique objet de leurs conversations. Sans doute que, plus jeune, l’écrivain n’aurait pas supporté la désillusion finale, mais au crépuscule de leurs vies, les deux amis savent leur lien bien plus fort que la réalité. De même qu’ « il n’est pas trop difficile d’affronter les difformités de ceux qu’on aime. » (p321), de même, lorsque l’on est attaché par l’amitié de toute une vie, on peut encaisser la révélation finale.
Que vous en semble ?
Frédéric et Jean sont liés par « cette forme d’amitié épurée par l’absence et par la distance [qui] trie les raisons que l’on a de s’apprécier mutuellement pour n’en plus conserver que l’essentiel, qui n’est pas forcément la vérité, mais l’idée que l’on se fait l’un de l’autre en embellissant le meilleur et en ignorant le moins bon de chacun, c’est cela qui est important : une amitié qui élève et non qui abaisse. » (p17)
Leur relation d’amitié est singulière : Frédéric a besoin d’un auditeur attentif et bienveillant pour raconter la saga des Pikkendorff. Raspail le souligne avec modestie : « C’était à cela que je servais. » (p133), lequel se laisse prendre de passion pour cette famille qui peu à peu devient comme la sienne. Frédéric a en quelque sorte élu son ami pour partager son monde intérieur, ce qui permet de lui donner plus de réalité et de vie que s’il l’avait gardé uniquement pour lui-même. On peut ainsi considérer ces confidences comme une sorte de testament, rédigé pendant une vie entière par un ami écrivain, « autour du verre de l’amitié et de la connivence ».
Cette amitié qui refuse le banal et l’ordinaire : « Et qu’est-ce que tu en aurais fait [du n° de tel.] ? On se serait vus plus souvent, on aurait parlé de tout et de rien, on se serait donné des nouvelles de nos petites vies respectives, on aurait noyé l’essentiel dans un flot d’inutilités, on se serait englués jusqu’au cou dans l’ordinaire de l’amitié ?... » (p324) est tacitement balisée, encadrée, chacun ayant son rôle respectif et interdiction de mélanger les univers. On comprend pourquoi à la fin, lorsque le voile se lève sur la réalité de la vie de Frédéric, qu’on imaginait agent secret. Plus les années passent, plus l’écrivain pressent que ce secret d’une vie est sacré : « Cela aurait été une mauvaise action, pour le peu de temps qui lui restait à vivre, de le faire descendre de la montagne étincelante où il avait planté, au son des fanfares, les oriflammes vert et rouge du camp du drap d'or des Pikkendorff. » (p323) A vouloir tout savoir, on brise un mythe.
Frédéric était-il un raté qui vivait par procuration de ses glorieux ancêtres ? « un seul dérivatif, une seule passion pour lui maintenir la tête hors de l’eau : les Pikkendorff. » (p344) Mais tout le monde peut-il être un héros ? Frédéric n’a rien accompli d’exceptionnel dans sa vie, et se définit lui-même comme un membre très ordinaire de la famille, mais il est malgré tout devenu personnage de roman, car sa valeur était moins dans ses actes que dans son monde intérieur, « grattant inlassablement le papier pour m’envoyer par la poste le meilleur de lui-même. » (p284). En partageant la narration avec lui, Raspail rend hommage à son ami et à ses talents de conteur, à sa capacité à l’introduire dans son univers si riche, unique objet de leurs conversations. Sans doute que, plus jeune, l’écrivain n’aurait pas supporté la désillusion finale, mais au crépuscule de leurs vies, les deux amis savent leur lien bien plus fort que la réalité. De même qu’ « il n’est pas trop difficile d’affronter les difformités de ceux qu’on aime. » (p321), de même, lorsque l’on est attaché par l’amitié de toute une vie, on peut encaisser la révélation finale.
Que vous en semble ?
Dernière édition par Clémence le Sam 7 Fév - 19:12, édité 1 fois (Raison : J'avais trop défloré la fin)
Clémence- Officier de la Couronne d'Acier
- Nombre de messages : 2298
Age : 53
Localisation : Amiens
Date d'inscription : 27/04/2008
Frédérick Pikkendorff
Yann a écrit:Frédérick me semble un peu fin de race, comme portant sa famille et son histoire, à la fois comme un fardeau (car se rendant probablement compte de sa propre indignité) et pourtant avec fièreté...
Je ne vous suis pas sur ce point : Frédérick est très conscient de ce qu'il est, c'est pourquoi il cloisonne sa vie, rencontrant le "narrateur" dans des endroits publics et non pas chez lui. Il reconnait d'ailleurs avoir une vie des plus banales : "si tu savais combien..."
Il a une existence sans grand intérêt, soit, mais sa famille est SA patagonie, un peu comme nous avons la notre...
NB: Je ne suis pas en train de dire que nos vies sont banales et sans intéret, mais (personnellement) mon lot quotidien ressemble plus au boulot-dodo de Frédérick qu'aux exaltants jours des Zaras, Otto ou Big-nose.
Dernière édition par François R le Ven 1 Juin - 12:18, édité 1 fois
François R- Commandeur de la Constellation du Sud
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Date d'inscription : 23/03/2008
Re: Hurrah Zara
100 % d'accord avec vous (en ce qui concerne l'analyse de Frédéric seulement ...)
Clémence- Officier de la Couronne d'Acier
- Nombre de messages : 2298
Age : 53
Localisation : Amiens
Date d'inscription : 27/04/2008
Re: Hurrah Zara
Bon ben tout va bien, parce que je ne vois pas en quoi je suis en contradiction avec vous. Je pense justement que Frederick est conscient de la platitude de sa vie, et que le lustre de sa famille est son évasion. Nous l'avons tous ! Affirmer que sa médiocrité est pour lui un fardeau ne signifie pas qu'il n'en est pas conscient.François R a écrit:Yann a écrit:Frédérick me semble un peu fin de race, comme portant sa famille et son histoire, à la fois comme un fardeau (car se rendant probablement compte de sa propre indignité) et pourtant avec fièreté...
Je ne vous suis pas sur ce point : Frédérick est très conscient de ce qu'il est, c'est pourquoi il cloisonne sa vie, rencontrant le "narrateur" dans des endroits publics et non pas chez lui. Il reconnait d'ailleurs avoir une vie des plus banales : "si tu savait combien..."
Il a une existence sans grand intérêt, soit, mais sa famille est SA patagonie, un peu comme nous avons la notre...
NB: Je ne suis pas en train de dire que nos vies sont banales et sans intéret, mais (personnellement) mon lot quotidien ressemble plus au boulot-dodo de Frédérick qu'aux exaltants jours des Zaras, Otto ou Big-nose.
En revanche, je n'avais pas vu le cloisonnement de sa vie comme vous le présentez, et je vous en remercie.
chateau des Pikkendorff
Reçu aujourd'hui dans un diaporama, ce château norvégien me fait furieusement penser à celui des Pikkendorff décrit dans le livre.
François R- Commandeur de la Constellation du Sud
- Nombre de messages : 1370
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Date d'inscription : 23/03/2008
Re: Hurrah Zara
Quelle image magnifique ! Cela me fait nettement plus rêver que les plages de cocotiers.
Clémence- Officier de la Couronne d'Acier
- Nombre de messages : 2298
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Localisation : Amiens
Date d'inscription : 27/04/2008
Re: Hurrah Zara
Bien d'accord avec vous, Clémence!!
Paul- Grand Cordon de l'Etoile du Sud
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Date d'inscription : 22/03/2008
Re: Hurrah Zara
Heu...
ça se discute je pense: à titre personnel, les deux me tentent bien!
Mais l'image est splendide!
On s'attendrait presque à voir surgir 7 cavaliers par la porte de l'Est qui à mon humble avis ne doit pas être gardée...
ça se discute je pense: à titre personnel, les deux me tentent bien!
Mais l'image est splendide!
On s'attendrait presque à voir surgir 7 cavaliers par la porte de l'Est qui à mon humble avis ne doit pas être gardée...
Re: Hurrah Zara
Dites moi, très cher Admin, ( me fait toujours penser à Idi "Admin" Dada - pour les vieux, les jeunes n'en ont jamais entendu parler),
je reprends donc: votre dernier message c'est quoi?:
-une faute de frappe?
-une provocation?
-un défaut de mémoire?
-un côté prof qui veut voir si on suit?
Car la porte de l'Est, faut le faire!!!!!pour un Admin le jour de la Fête du Royaume...
Vive le Roi
je reprends donc: votre dernier message c'est quoi?:
-une faute de frappe?
-une provocation?
-un défaut de mémoire?
-un côté prof qui veut voir si on suit?
Car la porte de l'Est, faut le faire!!!!!pour un Admin le jour de la Fête du Royaume...
Vive le Roi
Paul- Grand Cordon de l'Etoile du Sud
- Nombre de messages : 450
Age : 76
Localisation : Paris
Date d'inscription : 22/03/2008
Re: Hurrah Zara
J'ai bien connu Amin également, mais la consonne change tout...
Pour le reste à vous de choisir: j'ai réitéré "La Porte de l'Est" dans un autre message...
Qu'est-ce à dire?
Un Patagon ne cède pas face à l'uniformité!
Parodiant un film je répondrait seulement: "Dit'donc: La Ville j'y suis né et j'en connais tous les chemins alors si je te dis que la Porte de l'Est elle est pas gardée c'est qu'elle n'est pas gardée!".
Pour le reste j'ai méga honte de m'être méga planté!
Mais je resterais droit dans mes bottes et point le message n'éditerais!
Pour le reste à vous de choisir: j'ai réitéré "La Porte de l'Est" dans un autre message...
Qu'est-ce à dire?
Un Patagon ne cède pas face à l'uniformité!
Parodiant un film je répondrait seulement: "Dit'donc: La Ville j'y suis né et j'en connais tous les chemins alors si je te dis que la Porte de l'Est elle est pas gardée c'est qu'elle n'est pas gardée!".
Pour le reste j'ai méga honte de m'être méga planté!
Mais je resterais droit dans mes bottes et point le message n'éditerais!
Re: Hurrah Zara
Si si, ils en ont entendu parler grâce à un film magnifique, "Le dernier roi d'Ecosse".Paul a écrit:me fait toujours penser à Idi "Admin" Dada - pour les vieux, les jeunes n'en ont jamais entendu parler
jean-baptiste- Grand Cordon de l'Etoile du Sud
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Date d'inscription : 28/11/2008
Re: Hurrah Zara
Tout compte fait, vous aviez raison, la porte de l'Est était surement mal gardée aussi!!!
Bon, pour un soir de fête, à 22h15, extinction des feux....les "djeunes" ça tient pas le coup!!!
Donc, à ceux qui sont encore là je souhaite une méga bonne Fête du Royaume!!
Bon, pour un soir de fête, à 22h15, extinction des feux....les "djeunes" ça tient pas le coup!!!
Donc, à ceux qui sont encore là je souhaite une méga bonne Fête du Royaume!!
Paul- Grand Cordon de l'Etoile du Sud
- Nombre de messages : 450
Age : 76
Localisation : Paris
Date d'inscription : 22/03/2008
Hurrah Zara
Comment puis-je faire pour répondre à ce passage de Clémence dans la discussion de Hurrah Zara! :
Frédéric était-il un raté qui vivait par procuration de ses glorieux ancêtres ? « un seul dérivatif, une seule passion pour lui maintenir la tête hors de l’eau : les Pikkendorff. » (p344) Mais tout le monde peut-il être un héros ? Frédéric n’a rien accompli d’exceptionnel dans sa vie, et se définit lui-même comme un membre très ordinaire de la famille, mais il est malgré tout devenu personnage de roman, car sa valeur était moins dans ses actes que dans son monde intérieur, « grattant inlassablement le papier pour m’envoyer par la poste le meilleur de lui-même. » (p284). En partageant la narration avec lui, Raspail rend hommage à son ami et à ses talents de conteur, à sa capacité à l’introduire dans son univers si riche, unique objet de leurs conversations. (...) Que vous en semble ?
Frédéric était-il un raté qui vivait par procuration de ses glorieux ancêtres ? « un seul dérivatif, une seule passion pour lui maintenir la tête hors de l’eau : les Pikkendorff. » (p344) Mais tout le monde peut-il être un héros ? Frédéric n’a rien accompli d’exceptionnel dans sa vie, et se définit lui-même comme un membre très ordinaire de la famille, mais il est malgré tout devenu personnage de roman, car sa valeur était moins dans ses actes que dans son monde intérieur, « grattant inlassablement le papier pour m’envoyer par la poste le meilleur de lui-même. » (p284). En partageant la narration avec lui, Raspail rend hommage à son ami et à ses talents de conteur, à sa capacité à l’introduire dans son univers si riche, unique objet de leurs conversations. (...) Que vous en semble ?
Carmen de Patagones- Sans Grade
- Nombre de messages : 25
Date d'inscription : 06/09/2010
Re: Hurrah Zara
J’ai pris contact avec vous sous le choc du décès de Papa, mais je m’aperçois que ce forum n’est pas un lieu pour se livrer. Et pourtant, si j’ai pris contact avec vous, c’est parce que la ressemblance entre Frédéric de Pikkendorff et mon père est fascinante.
Jusqu’à 17 ans, jusqu’à la mort de ma mère, je vivais à Paris et je n’ai connu mon père que par les longues lettres qu’il m’écrivait d’Argentine, où il avait vécu avant son mariage et où il était reparti peu après ma naissance. Il ne me parlait pas de lui mais de sa famille, une illustre famille féodale, des exploits militaires et des aventures des ancêtres. Il m’a subjuguée avec ça. Avec ses lettres, je lui pardonnais tout le reste. Ma mère haussait bien les épaules et le traitait de bonimenteur mais je mettais ces critiques sur le compte de leur séparation. D’ailleurs, au bout d’un moment, je ne montrais plus ces longues narrations à ma mère, pour qu’elle n’en gâche pas le charme.
Je relis ces lettres depuis que j’ai lu Hurrah Zara !
Gauthier Tyrel qui avait tué son roi par mégarde, au cours d’une chasse, avec une flèche que le roi lui avait donnée, s’était enfui d’Angleterre jusqu’en Terre Sainte, malheureux ou craignant la vengeance, je ne sais pas. Jeanne de Belleville était mariée avec Olivier de Clisson, grand féodal breton, chef des partisans du roi de France dans la guerre de succession de Bretagne, qui s’opposaient à Jean de Montfort soutenu par le roi d’Angleterre : Clisson est fait prisonnier des Anglais, puis libéré dans des conditions que le roi de France ne connaît pas… alors l’imagination de notre roi, poussé par des cancans, invente un accord secret entre Edouard III d’Angleterre et Clisson : Clisson serait infidèle, aurait promis d’apporter la Bretagne à l’Angleterre… Invité à des tournois, Clisson vient à Paris. Le roi Philippe de Valois le fait arrêter, condamner, décapiter. Par esprit de provocation, il fait transporter jusqu’à Nantes la tête coupée d’Olivier de Clisson au bout d’une pique. Jeanne de Belleville assiste au spectacle et jure de se venger. De nombreux seigneurs bretons promettent de la soutenir. Jeanne affrète une flotte et, à la tête de quatre cents pirates, elle écume la Manche où elle pille et tue sans pitié les fidèles de la couronne de France. Elle bivouaque dans les ports anglais et fait élever ses enfants à la cour du roi d’Angleterre,
Et encore Louis d’Estouteville qui demeura enfermé pendant 26 ans dans le Mont Saint-Michel assiégé par les Anglais – le plus long siège de l’histoire, la plus longue résistance, si longue que les enfants d’Estouteville nés pendant le siège n’ont pas quitté le Mont-Saint-Michel avant d’être adultes, un exploit si courageux que Louis XI, institua une rente pour l’entretien des descendants des chiens qui avaient fait, pendant les nuits de ces vingt-six ans, le guet sur le rocher.
Et encore Charles de Savoisy, banni, ruiné, excommunié, qui demande pardon au pape, qui lui demande de partant d’aller se battre en Palestine d’où il revient quelques années plus tard, victorieux, avec un magnifique butin et quatre cents prisonniers. Et sur sa terre, Savoisy construit un magnifique château avec treize tours. Ce n’est pas la main d’œuvre qui lui manque : quatre cents hommes !
Etc. Des pages et des pages de détails, de panache et d’érudition. Tout était toujours grandiose : les vengeances, les départs, les retours.
Enfant ; j’ai passé des vacances chez mes grands-parents paternels, j’ai été invitée chez des cousines à Paris, mais à l’adolescence j’ai compris que je passais pour la pauvrette de la famille, et qu’on conviait ma mère aux réunions avec un air de pitié. J’ai donc cessé de les voir, préférant les liens plus affectueux que m’offrait ma famille maternelle.
Quand j’ai perdu ma mère, j’avais donc 17 ans, je suis venue voir mon père et je suis restée ici. Papa était âgé (il avait 67 ans), il vivait très retiré, seul, et il n’avait pas l’air très heureux. Il m’a entraînée dans cette mélancolie sans cause, sinon la déception de ne pas avoir été à la hauteur de son nom et de sa famille.
Comme Papa écrivait bien, qu’il avait su séduire ma mère, plus jeune et aussi riche que lui, je pensais trouver un homme brillant, bavard, drôle, entouré, un peu bluffeur sans doute mais séduisant par sa culture, et pas du tout. Brillant, il l’était quand il en avait l’occasion, car il cachait son spleen sous des effets de mots, mais l’occasion se faisait rare : j’ai trouvé un homme plutôt fuyant, un peu radin envers lui-même, qui venait de vendre sa petite affaire de surveillance, dont il était à la fois le patron et un des acteurs… Oui, Papa n’était pas représentant en parfums comme Frédéric de Pikkendorff : il était veilleur de nuit.
Papa m’avait bien eue avec ses lettres, sans pour autant mentir : je l’avais imaginé du même gabarit que ses ancêtres, et rêvé de grandes haciendas.
Frédéric, Papa, étaient de pauvres gens, même pas pittoresques… des descendants paumés des grandes familles ! Papa lui-même en convenait, avec ce regard lucide sur lui-même qui l’a poussé à me faire lire Hurrah Zara !
Jusqu’à 17 ans, jusqu’à la mort de ma mère, je vivais à Paris et je n’ai connu mon père que par les longues lettres qu’il m’écrivait d’Argentine, où il avait vécu avant son mariage et où il était reparti peu après ma naissance. Il ne me parlait pas de lui mais de sa famille, une illustre famille féodale, des exploits militaires et des aventures des ancêtres. Il m’a subjuguée avec ça. Avec ses lettres, je lui pardonnais tout le reste. Ma mère haussait bien les épaules et le traitait de bonimenteur mais je mettais ces critiques sur le compte de leur séparation. D’ailleurs, au bout d’un moment, je ne montrais plus ces longues narrations à ma mère, pour qu’elle n’en gâche pas le charme.
Je relis ces lettres depuis que j’ai lu Hurrah Zara !
Gauthier Tyrel qui avait tué son roi par mégarde, au cours d’une chasse, avec une flèche que le roi lui avait donnée, s’était enfui d’Angleterre jusqu’en Terre Sainte, malheureux ou craignant la vengeance, je ne sais pas. Jeanne de Belleville était mariée avec Olivier de Clisson, grand féodal breton, chef des partisans du roi de France dans la guerre de succession de Bretagne, qui s’opposaient à Jean de Montfort soutenu par le roi d’Angleterre : Clisson est fait prisonnier des Anglais, puis libéré dans des conditions que le roi de France ne connaît pas… alors l’imagination de notre roi, poussé par des cancans, invente un accord secret entre Edouard III d’Angleterre et Clisson : Clisson serait infidèle, aurait promis d’apporter la Bretagne à l’Angleterre… Invité à des tournois, Clisson vient à Paris. Le roi Philippe de Valois le fait arrêter, condamner, décapiter. Par esprit de provocation, il fait transporter jusqu’à Nantes la tête coupée d’Olivier de Clisson au bout d’une pique. Jeanne de Belleville assiste au spectacle et jure de se venger. De nombreux seigneurs bretons promettent de la soutenir. Jeanne affrète une flotte et, à la tête de quatre cents pirates, elle écume la Manche où elle pille et tue sans pitié les fidèles de la couronne de France. Elle bivouaque dans les ports anglais et fait élever ses enfants à la cour du roi d’Angleterre,
Et encore Louis d’Estouteville qui demeura enfermé pendant 26 ans dans le Mont Saint-Michel assiégé par les Anglais – le plus long siège de l’histoire, la plus longue résistance, si longue que les enfants d’Estouteville nés pendant le siège n’ont pas quitté le Mont-Saint-Michel avant d’être adultes, un exploit si courageux que Louis XI, institua une rente pour l’entretien des descendants des chiens qui avaient fait, pendant les nuits de ces vingt-six ans, le guet sur le rocher.
Et encore Charles de Savoisy, banni, ruiné, excommunié, qui demande pardon au pape, qui lui demande de partant d’aller se battre en Palestine d’où il revient quelques années plus tard, victorieux, avec un magnifique butin et quatre cents prisonniers. Et sur sa terre, Savoisy construit un magnifique château avec treize tours. Ce n’est pas la main d’œuvre qui lui manque : quatre cents hommes !
Etc. Des pages et des pages de détails, de panache et d’érudition. Tout était toujours grandiose : les vengeances, les départs, les retours.
Enfant ; j’ai passé des vacances chez mes grands-parents paternels, j’ai été invitée chez des cousines à Paris, mais à l’adolescence j’ai compris que je passais pour la pauvrette de la famille, et qu’on conviait ma mère aux réunions avec un air de pitié. J’ai donc cessé de les voir, préférant les liens plus affectueux que m’offrait ma famille maternelle.
Quand j’ai perdu ma mère, j’avais donc 17 ans, je suis venue voir mon père et je suis restée ici. Papa était âgé (il avait 67 ans), il vivait très retiré, seul, et il n’avait pas l’air très heureux. Il m’a entraînée dans cette mélancolie sans cause, sinon la déception de ne pas avoir été à la hauteur de son nom et de sa famille.
Comme Papa écrivait bien, qu’il avait su séduire ma mère, plus jeune et aussi riche que lui, je pensais trouver un homme brillant, bavard, drôle, entouré, un peu bluffeur sans doute mais séduisant par sa culture, et pas du tout. Brillant, il l’était quand il en avait l’occasion, car il cachait son spleen sous des effets de mots, mais l’occasion se faisait rare : j’ai trouvé un homme plutôt fuyant, un peu radin envers lui-même, qui venait de vendre sa petite affaire de surveillance, dont il était à la fois le patron et un des acteurs… Oui, Papa n’était pas représentant en parfums comme Frédéric de Pikkendorff : il était veilleur de nuit.
Papa m’avait bien eue avec ses lettres, sans pour autant mentir : je l’avais imaginé du même gabarit que ses ancêtres, et rêvé de grandes haciendas.
Frédéric, Papa, étaient de pauvres gens, même pas pittoresques… des descendants paumés des grandes familles ! Papa lui-même en convenait, avec ce regard lucide sur lui-même qui l’a poussé à me faire lire Hurrah Zara !
Carmen de Patagones- Sans Grade
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Date d'inscription : 06/09/2010
Re: Hurrah Zara
j'adore ce spleen qui vous ethere
pierre D- Officier de la Constellation du Sud
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Age : 78
Localisation : PERIGUEUX
Date d'inscription : 28/01/2010
Re: Hurrah Zara
Chère Carmen,
n'ayez crainte, je n'ai pas l'impression de lire des épanchements sans fin en prenant connaissance de votre message.
Votre père, je crois que d'autres en conviendront avec moi, me paraît avoir été un fameux patagon ! Comme pour Frédéric, avec lequel vous avez raison de faire le rapprochement, il a su magnifier sa vie décevante en lui donnant le panache d'une vie rêvée. C'est la grandeur de l'Homme que de savoir se dépasser, par quel que moyen que ce soit, et parfois les rêves conduisent à réaliser de belles choses. Il a fait rêver l'enfant que vous étiez, et en cela vous a fait un magnifique cadeau. Son talent de conteur vous a permis de le rejoindre dans son royaume imaginaire, cette vie parallèle qui peut avoir autant sinon plus d'influence sur nous que la vie réelle.
Votre papa était un patagon, c'est sûr ! Bienvenue parmi nous et merci pour ces passages de l'histoire pleins de pittoresque et de panache !
n'ayez crainte, je n'ai pas l'impression de lire des épanchements sans fin en prenant connaissance de votre message.
Votre père, je crois que d'autres en conviendront avec moi, me paraît avoir été un fameux patagon ! Comme pour Frédéric, avec lequel vous avez raison de faire le rapprochement, il a su magnifier sa vie décevante en lui donnant le panache d'une vie rêvée. C'est la grandeur de l'Homme que de savoir se dépasser, par quel que moyen que ce soit, et parfois les rêves conduisent à réaliser de belles choses. Il a fait rêver l'enfant que vous étiez, et en cela vous a fait un magnifique cadeau. Son talent de conteur vous a permis de le rejoindre dans son royaume imaginaire, cette vie parallèle qui peut avoir autant sinon plus d'influence sur nous que la vie réelle.
Votre papa était un patagon, c'est sûr ! Bienvenue parmi nous et merci pour ces passages de l'histoire pleins de pittoresque et de panache !
Clémence- Officier de la Couronne d'Acier
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Age : 53
Localisation : Amiens
Date d'inscription : 27/04/2008
Re: Hurrah Zara
Merci, Pierre et Clémence, vous me faites plaisir, mais aussi vous me faites taire : "Chut, ne dîtes pas après ça que la vie aux côtés d'un Frédéric de Pikkendorff est dure. C'est inutile"
Je vais quand même essayer de le dire.
Je vais quand même essayer de le dire.
Carmen de Patagones- Sans Grade
- Nombre de messages : 25
Date d'inscription : 06/09/2010
Re: Hurrah Zara
Clémence a écrit:Frédéric était-il un raté qui vivait par procuration de ses glorieux ancêtres ?
............
Que vous en semble ?
Oui, Clémence, je crois qu’on peut dire que Frédéric de Pikkendorff était un raté. Je vais vous donner quelques petits exemples qu’on pourrait, je crois, passer de mon père à Frédéric.
Cette année où ma vie est devenue argentine, quand j’avais 17 ans, Papa m’a vite fait perdre mes illusions. Ses belles lettres n’avaient pas grand-chose à voir avec sa petite vie qu’il ne me confiait qu’à regret. Mais une tendresse filiale a fait que Papa a su m’embarquer dans son secret : « Chut, il ne faut pas qu’ils sachent, en France et en Belgique, que tu vis mal ici ». De toute façon, j’ai été assez vite oubliée. Pikkendorff n'aurait-il pas, de la même façon, caché sa fille, la petite vie de sa fille, même à ses proches?
Peu de temps après mon arrivée, Papa s’est avisé qu’il faudrait que je reprenne mes études où j’en étais. Mais pas moyen de le convaincre que je dois redoubler. Alors il va voir le consul pour lui demander d’imposer une faveur au proviseur du lycée français… « Alors ? » demandai-je à son retour. « Ce pauvre consul, je l’ai remis à sa place, lui et ses tracasseries administratives. C’est moi qui t’apprendrai à lire. » J’ai beaucoup lu… et j’ai passé bien plus tard mon bac en candidate libre.
Papa n’était pas inscrit au consulat de France par honte de sa vie sociale ; il était distant et froid, cassant avec les fonctionnaires ; et honteux de ce qu’il était devenu devant ceux auxquels il aurait aimé ressembler.
Papa, comme Frédéric, préférait écrire aux gens que les rencontrer, il avait une plume plus belle que ses habits , il ne recevait jamais chez lui – il avait honte de son adresse et ne la donnait pas, préférant offrir des verres dans des bars où il perdait en quelques heures, pour la galerie, une somme qu’il mettrait du temps à réunir…
Papa savait ruser et éviter les rencontres à l’improviste qui auraient pu dévoiler la médiocrité de son existence (ce qui est frappant, aussi, dans le roman). Il savait disparaître aussi, et il y a quelques jours quelqu’un qui le connaissait bien (mais n’a « pas pu » venir à l’enterrement), m’a dit : « Votre père était insaisissable, toujours par monts et par vaux… » alors que Papa ne quittait pratiquement jamais Buenos Aires.
Papa utilisait des cartes de visite avec son titre de noblesse et ne savait dessiner qu’une chose, mais vite et bien (et comme ça lui plaisait de le faire, sur n’importe quel papier, pour le premier venu !) : ses armes. N’ayant pas d’histoire personnelle, il avait fait sienne toute l’histoire familiale. Il avait dans son portefeuille, non pas une photo de sa femme ou de sa fille, comme tout un chacun, mais des photos d’illustres morts.
Mélanges de vrai et de faux, d’une certaine culture (historique, littéraire) et d’imposture, ces subterfuges marchaient sans doute mal, ou exaspéraient le plus grand nombre, puisque, comme Jean Raspail est le seul et dernier dupe à se déplacer à l’enterrement de Frédéric, je n’ai guère trouvé à l’enterrement que d’anciens salariés de mon père. Fidèles, donc, et sans doute plus dupes que d’autres…
Personne ne m’a écrit de France à l’occasion de l’enterrement de Papa, auquel presque personne n’est venu. Comme dans Hourrah Zara !
Une dernière chose : Papa était un collectionneur d’objets disparates à mes yeux, souvent d’une valeur qui nous imposaient des restrictions sévères. Par exemple, alors qu’il ne jouait pas de musique et qu’il ne disposait pas beaucoup de place, il avait acheté à un musicien de l’orchestre national, bulgare émigré, le violoncelle de Boris III, tsar très populaire de Bulgarie pendant l’entre-deux-guerres, personnage qui fascinait Papa.
N’est-ce pas troublant comme quelques aspects de Papa dévoilent ce que Raspail nous cache de Frédéric de Pikkendorff ? Ou c’est moi qui l’imagine ainsi…
Carmen de Patagones- Sans Grade
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Date d'inscription : 06/09/2010
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