Les yeux d'Irène

En propos liminaire, je précise que je n'ai pas lu ce roman de notre Consul Général. Il est dans notre bibliothèque, je tourne autour, sans trop savoir si je m'y lance ou pas (je suis actuellement dans la biographie de Tabarly, par Yann Queffelec ; encore une bretonnerie ! ). Ma tendre épouse l'a lu il y a longtemps, et tentait encore de me le résumer au déjeuner.
Il semble que cela n'ait rien à voir avec l'oeuvre de Raspail, et que l'on n'y retrouve pas les thèmes habituels chers au grand homme.

L'avez-vous lu, et, le cas échéant, qu'en avez-vous pensé ?

Je l'ai lu il y a fort longtemps. Mes souvenirs confirment que nous sommes très éloignés des thèmes habituels mais je me souviens également d'un livre très fort et fascinant. Yann, vous me donnez envie de le relire. Je vous livrerai mes impressions plus fines (forcement, c'est tout moi ) après lecture !

Il se trouve que j'ai relu ce livre ( acheté en 1984...) l y a quelques semaines.
Effectivement je pense qu'il est un peu à part dans l'oeuvre de J.Raspail, assez loin de ses thèmes favoris.
Ce roman aurait pu, me semble-t-il avoir été écrit par M.Déon ( vice consul en Irlande, on y revient toujours!!)
En revanche, il y a comme toujours chez notre Consul Général, un clin d'oeil sous la forme cette fois de ce nom de Salvator de Orth. Rappelez vous : l'archiduc d'Autriche, Jean SALVADOR, qui devient Jean ORTH, et s'éxile en Patagonie!!

Merci de me faire partager vos impressions et souvenirs.

J'ai parfois un rapport au livre qui relève du jeu de la séduction. En l'occurence, et après la période d'observation propre à l'apprivoisement affectif, je viens à l'instant de l'ouvrir. Et quelle n'est pas ma surprise de trouver, en page de garde, une dédicace de l'auteur...! Ma tendre mie m'avait cachée ce détail, ou, plus probablement, l'avais-je oublié !

J'en ai parcouru quelques pages, et il s'avère, sauf erreur, que l'action se déroule, itou, en Bretagne... Ah, quel beau pays, n'est-il pas ?

La Patagonie, oui, c'est un beau pays en effet ; un royaume plus precisement, mon cher Yann ...

On peux le dire, ce livre est un navet !

Si il y a des oeuvres raspaillennes (un ou deux L Clémence ?) tenant du génie comme le camp des saints ou l'anneau du pêcheur, Les yeux d'Irène peut rentrer dans la cathégorie "roman de plage", cathégorie encore inférieure à celle de "roman de gare".

Certes je suis un peu dur (qui aime bien chatie bien) mais son auteur qualifie lui-même cet ouvrage "d'alimentaire". Cela veut tout dire.

Mais que mes propos fieleux ne vous empêchent nullement de le lire, mon cher Yann, et peut-être même de l'appécier...

allez, zou tout le monde à la lecture et on en reparle dans un mois pour échanger.
Clémence, le monde compte sur vous pour nous faire une analyse détaillée...

Pitié !
Vous attendrez bien 6 mois ? Allez, trois ?
Et au fait, monsieur Laroyenne, avez-vous fait la rencontre de Peter Pan ?

Et bien avec des avis aussi disparates, je pense qu'effectivement une lecture s'impose.
Dès que j'ai fini Queffélec ; ça laisse du temps à Clémence pour commencer à plancher...

Chère Clemence, Noel approchant, j'ai reçu l'ordre formel de mon gouvernement de ne pas acheter le moindre ouvrage dans cette période pour éviter les "doublons" potentiels. Et j'obeis toujours à mon gouvernement... Si Peter Pan n'est pas dans mes souliers le 25 décembre, j'irai à sa recherche dans les librairies alentour...

Un déplacement parisien très (trop?) bref hier m'ai laissé quinze minutes pour me précipiter à la Librairie Duquesne - à deux pas de la Chancellerie - afin d'y acheter "Le Camp des Saints" pour un ami fêtant ses 40 ans ce samedi, et j'y ai en outre trouvé "Les Yeux d'Irène" en édition de 1984. Il n'a pas à ma connaissance été réédité depuis, et son auteur ne le souhaite apparemment guère...

Ayant ensuite à peine le temps de me jeter dans mon TGV, j'en ai entamé la lecture à travers la Lorraine (dont j'ai pu admirer quelques beaux paysages reculés avant d'arriver en gare de Metz). Ma première impression est très favorable. Si la préoccupation alimentaire de l'auteur n'est pas dissimulée, les lecteurs de "Sept Cavaliers" s'en amuseront et je m'étonne que le rapprochement n'ait pas été fait dans l'étude récemment consacrée à Jean Raspail sous le titre "Le miroir d'une Oeuvre". On y retrouve quantités de thèmes: la Provence et en particulier le Comtat Venaissin mais surtout la Bretagne et le phare d'Ar Men déplacé par licence artistique dans les Côtes d'Armor, ci-devant du Nord, les yachts aux boiseries vernies, la retraite monastique...

Je viens de le finir ,une partie a attiré mon attention lorsque surgissent alors de nombreuses questions : Pourquoi deux portraits de femmes, peints à cinq siècles de distance, se ressemblent-ils tant? Pourquoi Salvator de Orth, jeune homme riche et comblé, qui, par désespoir d'amour, s'était retiré dans un monastère d’Auvergne, en ressort-il trente ans plus tard pour courir s'enfermer dans un phare, en Bretagne, d’où il appelle au secours son ami d’enfance, Frédéric ?
Et pourquoi Frédéric Pons, écrivain vivant en Provence, répondant à cet appel et partant pour la Bretagne en compagnie de la jeune femme aux yeux bleus, trouve-t-il sur son chemin des messagers involontaires pour jalonner la piste : Yves, un petit garçon ; sir Thomas Murdoch, amiral britannique ; Hervé Le Guen, un marin; le cardinal Hohenlo, étrange prélat romain ; le commissaire divisionnaire Kersaint...

De rebondissement en rebondissement, c'est l'amour, thème majeur de ce roman, qui en forme la trame et son double regard, celui des Yeux d’lrène. Le temps présent aussi le révèle. Il l'éclaire de lueurs sombres...

«En amour comme en religion,c'est le plus souvent d'une attitude que jaillit la conviction.J'ai toujours pensé que dans ces deux domaines plus l'attitude est élaborée,jusqu'à rejoindre le naturel par le détour de la perfection,comme dans la danse classique, plus s'affine le sentiment.»

Pour finir je dirais que ce livre est le résultat d'une alchimie entre un écrivain d'un fort tempérament et l'allégresse de la vie .

Merci à Pwyll d'avoir ressuscité ce sujet. Il semble assez coutumier du fait et c'est une très bonne chose.

Tant ma propre "rescension" était demeurée incomplète.

J'ai depuis-lors terminé ma lecture et je dois admettre que mon enthousiasme initial s'est un peu émoussé. On y trouve certaines lourdeurs dans la description de certains lieux ou personnages, particulièrement liés - et c'est-là ce qui me chagrine - à la trouble fascination que semble éprouver notre Consul Général pour le monde de la prostitution, fût-elle "haut de gamme".

C'est un thème ou un personnage que l'on retrouve dans chacun, ou presque, de ses romans dont aucun ne perdrait à son omission.

Comprenons-nous bien: je ne souhaite pas pas faire ici l'éloge du puritanisme tant décrié par les temps qui courent. Notre forum est sans aucun doute le dernier endroit de la Toile qui n'en retentisse de l'écho, aussi ne m'apesantirais-je pas. Je pose simplement la question, évoquée déjà je pense dans un sujet consacré à "les femmes dans l'oeuvre de Jean Raspail" et à l'archétype de la prostituée aristocratique...

Je vous promets, Archange, de réfléchir à ce sujet ! Mais il me semble que là vous avez déjà quelques éléments de réponse.